L'assemblée générale de PSA Peugeot Citroën, vendredi, devrait donner l'ultime feu vert nécessaire au lancement d'une augmentation de capital de 3 milliards d'euros qui permettra à l'Etat français et au chinois Dongfeng de faire leur entrée au capital.
Les actionnaires se retrouveront à partir de 14H00 au siège du constructeur automobile, à Paris. Le point le plus important à l'ordre du jour sera donc l'autorisation donnée au directoire de procéder à cette augmentation de capital, qui doit se dérouler en plusieurs étapes.
La première tranche, de 1,048 milliard d'euros, sera réservée à l'Etat et au groupe automobile chinois Dongfeng et se fera au prix de 7,50 euros par action. La seconde phase se fera pour un montant total de 1,952 milliard d'euros et sera ouverte à l'ensemble des actionnaires du groupe, Dongfeng et l'Etat compris. Le prix n'a pas encore été fixé.
A leur issue, l'Etat et Dongfeng possèderont chacun 14% du fleuron de l'industrie française, à égalité avec la famille Peugeot. Si PSA n'a donné aucune date précise pour cette augmentation de capital, elle devrait être lancée dès le début de semaine prochaine, selon une source proche du dossier.
Elle pourrait par la suite être portée à 3,8 milliards via le jeu de bons de souscription d'actions.
Englué dans la crise du marché automobile européen, trop petit à l'international, le groupe a cumulé plus de 7 milliards d'euros de pertes en 2012 et 2013 et ne pouvait plus s'en sortir seul.
Son alliance avec le géant américain General Motors, conclue par son précédent patron, Philippe Varin, au printemps 2012, a été réduite à peau de chagrin. D'où la nécessité de se trouver un nouveau partenaire. PSA connaît déjà bien Dongfeng, avec lequel il travaille depuis de nombreuses années et possède trois usines à Wuhan, dans le centre de la Chine.
- "Patriotisme économique et industriel" -
Quant à la prise de participation de l'Etat dans un groupe qui emploie environ 84.000 salariés dans l'Hexagone, elle correspond à un acte de "patriotisme économique et industriel", selon les termes du nouveau ministre de l'Economie, Arnaud Montebourg.
Ce scénario s'est attiré en revanche les critiques de l'Association de défense des actionnaires minoritaires (Adam).
La composition du conseil de surveillance sera revue à l'occasion de cette AG pour tenir compte de ces changements. Louis Gallois, homme de confiance du gouvernement, remplacera Thierry Peugeot à sa tête. Deux représentants de Dongfeng seront nommés aux côtés de deux autres pour les pouvoirs publics et la famille en gardera également deux.
Le premier groupe automobile français espère que l'arrivée de ces nouveaux actionnaires, couplée à celle de son nouveau patron, Carlos Tavares, lui permettra de sortir de l'ornière. Mais la route sera longue.
Le nouveau plan stratégique, présenté mi-avril par Carlos Tavares, prévoit un retour à la rentabilité de l'activité automobile du groupe, la plus importante, d'ici 2018, avec une marge opérationnelle de 2%. Entre 2019 et 2023, elle devrait passer à 5%. A titre de comparaison, celle de l'ensemble du groupe allemand Volkswagen (activités financières comprises) est de 5,9%.
Le président du directoire espère aussi arrêter de brûler des liquidités et dégager un flux de trésorerie (free cash flow) opérationnel "au plus tard d'ici à 2016".
Pour y parvenir, le constructeur va réduire drastiquement le nombre de ses modèles, qui passera de 45 cette année à 26 d'ici 2020. Il veut mieux positionner ses marques, Peugeot et Citroën, pour éviter qu'elles ne se fassent concurrence et aimerait réitérer avec la ligne DS ce que VW a réussi à faire avec Audi, c'est-à-dire créer un champion dans le segment haut-de-gamme. Il mise aussi beaucoup sur son expansion hors d'Europe et en particulier en Chine.