La Cour des comptes épingle dans un rapport le soutien français à la production audiovisuelle et cinématographique, se montrant particulièrement sévère avec le secteur audiovisuel, dont elle juge les performances "sans rapport avec les montants investis".
Dans ce rapport intitulé "Les soutiens à la production cinématographique et audiovisuelle, des changements nécessaires", sous embargo jusqu'à mercredi mais dont Les Echos ont dévoilé mardi les principales conclusions, la Cour des comptes estime que "la dépense publique en faveur du secteur, en forte croissance depuis dix ans, est insuffisamment maîtrisée".
Les aides directes (aides à la production versées par le Centre national du cinéma et les collectivités territoriales, dépenses fiscales...) ont crû de 88% en dix ans à 601 millions d'euros en 2012, "sans découler d'une priorité explicite en faveur de ce secteur, assortie d'objectifs précis et d'évaluation des résultats", souligne-t-elle.
La Cour se montre particulièrement sévère sur l'audiovisuel, qui "bénéficie d'un système de soutien sans équivalent en Europe" avec près de 800 millions d'euros d'investissements des chaînes de télévision en 2012 et des aides publiques à hauteur de 332 millions d'euros, mais ce "pour des performances décevantes" et "une efficacité économique incertaine", avec notamment un secteur de la fiction "peu performant".
"Le système de soutien à la production audiovisuelle peine à faire émerger des entreprises d'envergure internationale et des oeuvres exportables", tandis que les leviers de l'aide publique "ont été orientés vers un soutien quantitatif à la production davantage que vers l'aide à la création", juge-t-elle.
Formulant un certain nombre de recommandations, la Cour propose notamment de "relever le seuil d'accès au soutien automatique" afin de "favoriser la consolidation du secteur" ou de "prendre en compte les résultats obtenus par les programmes aidés dans l'octroi du soutien automatique du CNC".
Concernant le cinéma, le modèle de financement français est "sous tension" et connaît "des risques d'essoufflement" liés à "une hausse des coûts pour une partie de la production et à une saturation des fenêtres de diffusion des films", estime la Cour.
Constatant "un déséquilibre croissant entre les décisions d'investissement dans la production et les capacités d'exposition des films produits", elle préconise notamment de "réduire le nombre de projets éligibles" ou d'"assouplir le régime des jours pendant lesquels la diffusion d'oeuvres cinématographiques est interdite sur les chaînes de télévision".