L'Inserm fête ses 50 ans d'existence, l'occasion pour le numéro un français de la recherche médicale de "regarder vers l'avenir" à une période charnière avec un changement prévu de PDG.
"Célébrer ses 50 ans, c'est certes regarder le passé, ce qui est toujours instructif. Mais c'est aussi regarder vers l'avenir", explique un ex-chercheur de l'Inserm, spécialiste de l'hypertension, Pierre Corvol, en charge du parrainage scientifique des célébrations.
Fondé en 1964, l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) s'affiche aujourd'hui comme "première institution européenne de recherche publique biomédicale", avec un budget de 954 millions d'euros, 13.500 chercheurs ou techniciens dans 289 laboratoires (chiffres 2012).
Pour fêter ce demi-siècle, la direction de l'Inserm organise un colloque à la Sorbonne, le 3 avril, pour parler du futur. Maladies émergentes, défis sanitaires et "nouvelles frontières" de la recherche médicale seront au programme.
Fâchés d'avoir été écartés du rendez-vous, les syndicats invitent à leur propre colloque, le 2 avril à Jussieu, pour dénoncer des "conditions de travail dégradées" et "l'explosion de la précarité" chez des chercheurs de plus en plus souvent en CDD.
"L'anniversaire des 50 ans (...) est l'occasion des bilans et des perspectives, une étape où l'on réfléchit à son destin", explique André Syrota, 67 ans, à la tête de l'Inserm depuis 2007.
Le mandat de ce médecin biophysicien arrive à expiration en avril et le processus de sélection d'un successeur parmi les six candidats qui ont répondu à l'appel à candidature est "en cours", indique le ministère de la Santé.
Pour M. Syrota, les célébrations des 50 ans sont l'occasion de "comprendre les grandes tendances de l'évolution des sciences de la vie et de la santé" et aussi de "faire l'inventaire de nos forces et de nos faiblesses, définir ensemble des axes de progrès, penser la place de l'Inserm dans le contexte international".
- 'Parti de presque zéro' -
L'anniversaire est aussi l'occasion de saluer une "aventure collective" par delà les difficultés actuelles du financement public de la recherche et de "faire connaître les travaux" de l'Institut au grand public, même si l'Inserm n'est plus le "quasi-inconnu" qu'il était dans les années 70/90, selon son PDG.
"On observe une augmentation très régulière du nombre de citations de l'institution, à travers ses recherches ou ses expertises collectives" dans les médias traditionnels et numériques, souligne M. Syrota.
L'historien Pascal Griset de l'Université Paris-Sorbonne, qui a étudié le demi-siècle d'existence de l'Inserm pour signer avec Jean-François Picard, l'ouvrage "Au coeur du vivant", a été "surpris" de constater "qu'une institution comme l'Inserm était partie de presque zéro".
"Lorsqu'en 1964 est créé l'Inserm, il s'agissait de regrouper des efforts dispersés dans un mouvement de réorganisation de la recherche publique sous l'autorité du général De Gaulle", explique-t-il.
Depuis l'histoire de l'Inserm s'est caractérisée par deux éléments: "sa capacité à jouer des coudes pour être connu" et puis "à s'associer et à travailler" avec d'autres organismes comme le CNRS ou l'Institut Pasteur, ce dont témoigne la récente alliance Aviesan, explique-t-il.
Né en 2009 sous l'impulsion de Syrota, Aviesan (Alliance nationale pour les sciences de la vie et de la santé) a pour but de "coordonner" et "valoriser" la recherche médicale en regroupant ses "grands acteurs", principalement Inserm, CNRS, Institut Pasteur, CEA et Inra.
Les célébrations des 50 ans de l'Inserm prévoient une série de rencontres entre chercheurs et associations de malades dans une "démarche d'ouverture" vers des associations qui ont pris une place prépondérante dans le financement et l'animation de la recherche en santé.
Plus classiquement, une journée portes-ouvertes sera organisée pour les scolaires dans 50 laboratoires, le 16 mai, dix mini-bus "Science tour" sillonneront la France pour initier aux sciences de la vie, tandis qu'une animation, "Virus Attack" en partenariat avec l'Inserm, démarre au Futuroscope de Poitiers.