Un litre d'eau potable sur cinq est perdu dans des fuites de canalisations en France, soit un total impressionnant de 1.300 milliards de litres d'eau ou 430.000 piscines olympiques par an, affirme une enquête de 60 Millions de consommateurs publiée jeudi.
Selon cette étude menée avec la Fondation France Libertés et qui doit être détaillée à la presse jeudi, le taux de fuite est en moyenne en France de 3.400 litres par jour pour chacun des 850.000 kilomètres de canalisations d'eau qui parcourent le pays.
"Les fuites sont nombreuses et chaque année, 1,3 milliard de mètres cubes d'eau traités par les usines n'arrivent jamais au robinet. Soit 20% des volumes perdus, mais payés par les consommateurs, même si c'est invisible sur les factures", souligne 60 millions dans un communiqué publié jeudi.
Sur la base des données de l'Office national de l'eau et des milieux aquatiques (Onema), l'organisation de défense des consommateurs a dressé un palmarès des fuites dans les 101 villes préfectures de métropole et des DOM.
- Limiter le taux de fuites à 15% -
Celui-ci montre que deux de ces villes sur trois "n'atteignent pas l'objectif national fixé par la loi Grenelle II de 2010, visant à limiter le taux de fuites à 15% de l'eau produite", souligne l'étude.
Dans un quart des préfectures, le taux dépasse même les 25%: le taux est de 54% à Digne-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence), 48% à Bar-le-Duc (Meuse), 46% à Saint-Denis de la Réunion, 41% à Fort-de-France (Martinique), ou encore 37% à Nîmes (Gard) et 36% à Tulle (Corrèze) et Evreux (Eure).
Dans les meilleurs élèves, 60 millions recense 33 préfectures entre 4 et 15%, avec en tête Le Mans (Sarthe) et Rennes (Ille-et-Vilaine) avec 4%, devant les 5% de Blois (Loir-et-Cher) et les 7% d'Orléans (Loiret) et Moulins (Allier).
Côté grandes villes (agglomérations, communautés de communes ou métropoles), Paris intra-muros est à 8,3%, Lyon 17,8%, Marseille 15%, Toulouse 11%, Lille 18%, Bordeaux 15,7% et Nice 19%.
Selon 60 millions de consommateurs, pour éviter ce "grand gaspillage", il faudrait engager 1,5 à 2 milliards d'euros par an pour réaliser les travaux nécessaires, "soit le double du rythme actuel".
Quoi que globalement méconnue du grand public, l'ampleur des fuites est un phénomène identifié. Selon le ministère de l'Ecologie, elles proviennent en "grande majorité" des fuites de branchements, qui doivent souvent faire l'objet de recherches poussées dans des secteurs "douteux" afin d'être identifiées.