Provoquée par les diesels, l'épandage agricole et l'industrie, la pollution actuelle aux particules est-elle exceptionnelle? Quelles conséquences pour la santé? Au-delà des mesures d'urgence, comment agir à long terme ? Autant de questions soulevées par l'épisode qui touche une grande partie de la France.
Q: Qu'est-ce qu'une particule ?
R: Ce sont des poussières, de compositions diverses, en suspension dans l'air, au diamètre égal ou inférieur à 10 microns, soit 0,01 millimètre (PM10).
En France, selon l'Ademe (Agence pour l'environnement), quatre secteurs sont principalement à l’origine des émissions de PM 10 : les activités agricoles (épandages, stockages d’effluents, remises en suspension lors des labours notamment), l’industrie manufacturière, le chauffage individuel au bois et le transport routier. Variant d'une zone à l'autre, la répartition entre ces différentes sources est difficile à quantifier.
Toujours selon l'Ademe, pour les particules les plus fines (PM 2,5), qui sont aussi les plus dangereuses, les niveaux les plus élevés sont observés en zone urbaine, et particulièrement à proximité du trafic automobile.
Q: Cet épisode de pollution aux particules est-il exceptionnel?
R: Pas vraiment, la France est une mauvaise élève de l'air. Pour les PM 10, elle est déjà, comme d'autres pays, dans le collimateur de Bruxelles en raison d'un dépassement trop fréquent des valeurs limites européennes: concentration annuelle de 40 microgrammes par m3 et concentration journalière de 50 microgrammes par m3 à ne pas dépasser plus de 35 jours par an.
Une quinzaine de zones sont concernées: Marseille, Toulon, Paris, Douai-Béthune-Valenciennes, Lille, Grenoble, Lyon et une partie de Rhône-Alpes, Nice et une partie de Paca, et la Martinique, selon le ministère de l’Ecologie. La France s'expose à des amendes de l'ordre de "plusieurs dizaines de millions d'euros".
Les pics de particules reviennent chaque hiver en fonction des conditions météorologiques. En Ile-de-France, par exemple, Airparif a enregistré 33 jours de dépassement des seuils réglementaires (dont 6 du seuil maximal d'alerte) l'an dernier et 40 dépassements en 2012 (dont 4 du seuil d'alerte).
Q: Quel danger?
R: Ces particules pénètrent profondément dans les voies respiratoires, créant des inflammations avec un effet immédiat (toux, essoufflement, maux de gorge, de tête...), plus marqué chez les personnes plus fragiles: enfants dont les poumons ne sont pas encore totalement formés, personnes âgées dont la capacité respiratoire est plus faible, fumeurs au système respiratoire déjà irrité par le tabac, malades du coeur et des voies respiratoires, et femmes enceintes.
En dehors des pics, la pollution chronique est tout aussi néfaste: aggravation de l'asthme, atteinte du système immunitaire, diminution de la fonction respiratoire, cancer du poumon, maladies vasculaires...
Q: Comment s'en protéger?
Les plus fragiles doivent réduire leurs activités physiques dès le seuil d'information. Pour l'ensemble de la population, il est recommandé de ne pas faire de sport lorsque le seuil d'alerte est atteint. Un adulte inhale environ 10 litres d'air à la minute en moyenne, et jusqu'à 100 litres lors d'activités d'endurance. Il faut également s'éloigner des axes routiers très fréquentés et éviter de sortir en début de matinée ou fin de journée.
Il est en revanche inutile de se protéger avec un foulard ou un masque de chirurgie, seuls certains masques équipés de filtres à charbon peuvent être efficaces, selon Airparif.
Q: Quelles actions à long terme?
R: Des mesures ont été régulièrement annoncées par les ministres successifs de l'Ecologie, mais sans résultats probants. La droite avait défendu des projets de "zones à faibles émissions" dans les grandes villes, des périmètres interdits aux véhicules les plus polluants comme il en existe dans environ 200 villes en Europe. Socialement délicat, car excluant de fait les possesseurs des véhicules diesel les plus anciens, le projet a été enterré par la gauche. Elle a relancé en revanche l'idée d'une circulation alternée lors des pics de pollution, une mesure finalement mise en place à partir de lundi en région parisienne.
Début mars, le gouvernement a dévoilé des mesures pour développer le vélo, comme l'expérimentation d'une "indemnité kilométrique" versée aux salariés venant travailler à bicyclette. En revanche, les dossiers écotaxe et augmentation de la fiscalité du diesel sont toujours au point mort".