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Euthanasie: la vie de Vincent Lambert entre les mains du Conseil d'Etat

Pierre et Viviane Lambert, les parents de Vincent Lambert, au tribunal administratif de Châlons-en-Champagne le 15 janvier 2014, qui a décidé du maintien en vie de leur fils [Herve Oudin / AFP/Archives] Pierre et Viviane Lambert, les parents de Vincent Lambert, au tribunal administratif de Châlons-en-Champagne le 15 janvier 2014, qui a décidé du maintien en vie de leur fils [Herve Oudin / AFP/Archives]

La vie de Vincent Lambert, cloué sur son lit d'hôpital depuis cinq ans en état végétatif chronique, est jeudi dans les mains du Conseil d'Etat qui doit décider si la poursuite de ses soins constitue ou non une obstination déraisonnable.

Son épouse Rachel et son neveu François, ainsi que le CHU de Reims où il est soigné depuis son accident de voiture en 2008, ont saisi la plus haute juridiction administrative française pour qu'elle annule le jugement du tribunal administratif de Châlons-en-Champagne.

A la demande des parents, le tribunal avait décidé le 16 janvier le maintien en vie de Vincent Lambert contre l'avis des médecins. Ces derniers, en concertation avec une partie de la famille, s'étaient prononcés pour l'arrêt de l'alimentation et de l'hydratation artificielle du patient comme le prévoit la loi Leonetti, votée en 2005.

Cette loi interdit l'acharnement thérapeutique et permet l'euthanasie passive par l'arrêt des traitements lorsqu'ils sont jugés "disproportionnés". Elle admet aussi l'administration d'antidouleurs jusqu'au point "d'abréger la vie".

Pour le Dr Eric Kariger, qui dirige le service de soins palliatifs du CHU de Reims, Vincent Lambert "est atteint d'une maladie grave et incurable". En état "pauci-relationnel", il a "des lésions cérébrales graves et irréversibles, une incapacité à exprimer ses volontés".

Mais dans la famille de Vincent, deux clans se sont formés, en désaccord total sur la fin de vie de cet homme de 38 ans. D'un côté, Viviane et Pierre, les parents, catholiques traditionalistes, opposés à son euthanasie passive. De l'autre, son épouse Rachel et une partie de sa famille, déterminés à respecter ses volontés.

- Dix-sept magistrats -

François Lambert, le neveu de Vincent Lambert, répond aux journalistes, le 6 février 2014 au Conseil d'Etat à Paris  [Thomas Samson / AFP/Archives]
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François Lambert, le neveu de Vincent Lambert, répond aux journalistes, le 6 février 2014 au Conseil d'Etat à Paris

Vincent "ne voulait pas de vie diminuée", affirme Rachel Lambert, pour qui le "laisser partir" constitue un "acte d'amour".

Ses parents dénoncent eux une tentative d'assassinat d'un "handicapé", persuadés que leur fils "est présent" et qu'il veut vivre.

Le 6 février, chaque camp a exprimé sa position devant le juge des référés du Conseil d'Etat. Celui-ci, au vu du caractère éminemment complexe de l'affaire, a décidé de la renvoyer devant une formation collégiale.

L'assemblée du contentieux, formation de jugement la plus élevée du Conseil d'Etat, se penche donc jeudi en audience publique sur le sort de Vincent Lambert.

Les 17 magistrats de l'assemblée, présidée par le vice-président et plus haut magistrat du Conseil d'Etat, Jean-Marc Sauvé, écouteront les arguments des avocats de chaque partie puis le rapporteur public exposera la solution qui lui semble devoir être adoptée. Le Conseil d'Etat mettra ensuite sa décision en délibéré.

Les magistrats doivent se prononcer sur la décision du tribunal administratif de Châlons-en-Champagne mais, plus largement, la communauté médicale et les opposants à l'euthanasie passive attendent de connaître la position de la plus haute juridiction administrative sur cette question.

Le député UMP des Alpes-Maritimes Jean Leonetti a dit espérer que la loi dont il est l'auteur, "qui est mise en place depuis presque dix ans et qui condamne l'acharnement thérapeutique, ne va pas être remise en cause parce que ce serait un retour en arrière".

"Si le Conseil d'Etat allait dans un autre sens, il faudrait à ce moment-là repréciser la loi parce que je pense qu'aucun Français ne souhaite vivre en survie artificielle, qui n'est pas une vie", a-t-il expliqué.

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