Euro Millions, l'"Airbus de la chance", qui a décollé il y a dix ans avec neuf pays européens, a quadruplé son chiffre d'affaires pendant cette période devenant un phénomène de société avec ses cagnottes qui peuvent grimper jusqu'à 190 millions d'euros.
"Dans cet +Airbus de la chance+ les trois pays fondateurs (Royaume-Uni, Espagne, France) détiennent des pouvoirs statutaires importants mais chaque loterie apporte sa pierre au fonctionnement d'Euro Millions", explique à l'AFP Christophe Blanchard-Dignac, PDG de la Française des Jeux (FDJ) depuis 13 ans.
Ainsi Camelot, loterie privée au Royaume-Uni, et Loterias y apuestas del estado, loterie d'Etat en Espagne, sont garantes du calcul des rapports. La FDJ est responsable des deux tirages hebdomadaires sous très haute surveillance. Une société coopérative à but non lucratif a été créée en Belgique et un trust a été fondé à Londres pour garantir les gains.
Les trois pays, raconte Christophe Blanchard-Dignac, ont monté Euro Millions en moins de deux ans: "La langue de travail était l'espagnol et il a fallu prévoir un jeu avec trois monnaies, l'euro pour sept pays, la livre pour le Royaume-Uni et le franc suisse pour les deux loteries helvétiques".
"En fait, confie-t-il, le plus difficile a été de nous mettre d'accord avec les Britanniques sur le jour du premier tirage, un vendredi 13, une date qui porte malheur de l'autre côté de la Manche".
Finalement, le premier tirage a bien lieu le vendredi 13 février 2004. Très vite, le succès est là. Le premier gagnant de la cagnotte (15 millions d'euros) est un Français de Bourges. Rapidement les trois pays épuisent leur fond de réserve car les cagnottes tombent les unes après les autres.
Mauvaise surprise
"Nous avons vu arriver avec soulagement huit mois plus tard les six autres pays" (Luxembourg, Belgique, Suisse, Portugal, Irlande, Autriche), lâche le patron de la Française des Jeux.
ci-dessus
Leur arrivée va encore doper Euro Millions, dont les recettes représentent désormais de 10% à 60% des chiffres d'affaires des loteries participantes. Ainsi, au Portugal où 80% des Portugais en âge de jouer ont déjà acheté au moins une fois un ticket Euro Millions dans les points de vente de Jogos Santa Casa, ce jeu paneuropéen représente 60% des recettes de la loterie.
En dix ans, Euro Millions a proposé dix cagnottes de 130 à 190 millions d'euros, soit l'équivalent de plusieurs tonnes d'or. Ces cagnottes faramineuses attirent jusqu'à deux fois plus de joueurs qu'une cagnotte à 15 millions d'euros.
Pour un mise de base de deux euros - sauf en France (2,5 euros avec un jeu supplémentaire) - chaque joueur à une chance sur 116.531.800 de cocher les sept bons numéros nécessaires pour décrocher la cagnotte.
ci-dessus
Ainsi, les Britanniques, qui boudent les petites cagnottes, se ruent sur celles supérieures à 100 millions d'euros. A l'image d'Adrian et de Gillian Bayford, un couple du Suffolk (Angleterre) qui ont remporté la somme record de 190 millions le 10 août 2012.
Ces deux gagnants, tout comme ce couple écossais, Colin et Chris Weir, qui avaient empoché 185 millions le 12 juillet 2011, ou Dolorès McNamara du comté de Limerick (Irlande) qui avait gagné 115 millions le 29 juillet 2005, ont accepté d'apparaitre devant les caméras.
Mais ce sont des exceptions. Dans tous les autres pays, la règle est l'anonymat, les nouveaux crésus consentant tout juste à livrer, via la loterie locale, le nom de la ville où a été validé le bulletin gagnant.
Anonymes, également, ces trente habitants de Mouscron (Belgique) qui avaient cru avoir gagné 27 millions d'euros en décembre 2006 jusqu'à ce qu'ils apprennent que la personne responsable de la validation du ticket ne l'avait pas fait.
Euro Millions : les numéros et les étoiles les plus tirés
Elle joue ses numéros de Loto à l’Euro Millions et perd 8 millions d’euros
Rétro 2013 : les histoires les plus cocasses du Loto