Elizabeth II fera du 5 au 7 juin son cinquième déplacement officiel en France, pour le 70e anniversaire du Débarquement allié de 1944, et cette visite d'Etat revêt un caractère d'autant plus exceptionnel que la souveraine de 87 ans ne quitte plus guère son pays.
L'annonce faite simultanément par la présidence française et par le Palais de Buckingham précise que la reine sera accompagnée en la circonstance de son époux le prince Philip, duc d'Edimbourg. Ce dernier, âgé de 92 ans, a considérablement allégé son programme d'engagements depuis une série d'alertes médicales ces dernières années.
Elizabeth II assistera à des célébrations en Normandie le 6 juin, avant d'être l'hôte du président français François Hollande au palais de l'Elysée.
Sa dernière rencontre avec le chef de l'Etat français remonte au mois de juillet 2012. Elu de fraîche date, il avait profité d'un voyage à Londres pour "prendre le thé" en tête-à-tête avec Sa Majesté, au château de Windsor.
Elizabeth II, qui parle français avec un délicieux accent, a goûté à quatre reprises au cours de son règne de plus de 60 ans aux ors et aux fastes de la République. Elle a aussi effectué nombre de séjours privés outre-Manche, certains en Normandie, pour assouvir sa passion pour les chevaux de course.
Quatre ans après son couronnement, elle a été reçue en avril 1957 par le président René Coty, au château de Versailles.
Des archives britanniques déclassifiées en 2007 ont révélé que l'année précédente, les Premiers ministres français et britannique, Guy Mollet et Anthony Eden, avaient secrètement évoqué un projet d'union sans lendemain. L'un des scénarios envisageait l'entrée de la France républicaine dans le Commonwealth présidé par la reine. "The Queen as LA reine de la France? C'est impossible, n'est-ce pas?", avait rétrospectivement fantasmé le Daily Telegraph.
En mai 1972, puis en juillet 1992, c'était au tour des présidents Georges Pompidou et François Mitterrand de jouer les hôtes du couple royal.
Dernière visite officielle en 2004
La dernière visite officielle effectuée par la reine en avril 2004, en Eurostar, lors de la présidence de Jacques Chirac, avait été l'occasion de célébrer le centenaire de l'Entente cordiale, une série d'accords destinés à tirer un trait sur des siècles d'antagonismes et de guerres trans-Manche.
Les diplomates de part et d'autres travaillent depuis des mois discrètement au déplacement royal à l'occasion du 70e anniversaire du Débarquement.
Le dernier voyage à l'étranger de la reine date d'octobre 2011. Elle s'était alors rendue sur ses terres du bout du monde, en Australie.
Depuis lors, les spéculations vont bon train dans les médias britanniques, prédisant que la reine n'entend plus voyager.
De facto, depuis plus de deux ans, la souveraine a laissé à son fils aîné, le prince Charles, et à son petit-fils William, respectivement en première et deuxième positions dans l'ordre de succession, le soin de la représenter en dehors du Royaume-Uni.
Cependant, le Palais de Buckingham dément catégoriquement à intervalles réguliers que la reine ait ralenti son activité du fait de son âge avancé. Dans le même temps, les experts ès-monarchie assurent qu'elle "n'abdiquera jamais".
Les signes attestant d'une "transition en douceur", selon l'expression de l'historien Robert Jobson, ne s'en multiplient pas moins.
Le prince Charles, flanqué de son épouse Camilla, a assisté aux côtés de sa mère à l'ouverture de la session du Parlement britannique l'an dernier. Il l'a remplacée au sommet du Commonwealth à Colombo en novembre 2013.
Et le mois dernier, un communiqué sibyllin a annoncé la fusion, pour des questions pratiques, des secrétariats de presse de la souveraine et de Charles.