La presse de mardi met une pression assez inhabituelle sur François Hollande, sommé de s'expliquer sur sa vie privée tumultueuse lors de sa troisième conférence de presse présidentielle.
"Hollande attendu au tournant" (Figaro), "la pression monte sur François Hollande" (Le Parisien), "Opération déminage" (20 minutes) ou encore "Faites entrer l'accusé" (Métronews)... Le ton, grave ou mordant, est donné dès les titres de Une.
Dans leurs éditoriaux, les quotidiens réclament des clarifications sur la vie privée du chef de l'Etat tant celle-ci parasite depuis quelques jours les grands dossiers du moment.
Certes, "c’est sur (les) questions d’orientations politiques, de choix en matière économique et sociale, et non – est-il utile de préciser – sur l’occupation de sa vie privée, que François Hollande est attendu aujourd’hui", insiste Jean-Paul Piérot dans L'Humanité.
Les Echos parle lui aussi d'un moment "bel et bien décisif" et attend "des engagements intangibles et précis dans le cadre du pacte de responsabilité proposé aux entreprises", écrit Etienne Lefebvre.
Mais "voilà qu’un mauvais vaudeville s’immisce dans l’actualité", constate Dominique Quinio dans La Croix, et "revient comme un boomerang vers ces dirigeants qui acceptent de mêler privé et public, pour +humaniser+ leur image".
Plusieurs journaux renvoient à la face présidentielle l'anaphore du débat d'entre-deux-tours, le fameux "Moi président" et ses promesses notamment de transparence et d'exemplarité.
"Tranchant avec le mélange des genres de son prédécesseur, François Hollande avait raison d’affirmer lors de la dernière campagne que, dans notre démocratie, le pouvoir est confié à un président et pas à sa famille", rappelle Eric Decouty dans Libération. Mais "c’est pourtant une affaire de couple qui vient percuter son agenda faisant exploser la frontière qu’il croyait établie entre l’espace public et sa vie privée".
"François Hollande qui avait promis, +lui président+, de ne pas occuper la rubrique people dans les médias, s’est piégé lui-même par imprudence", note Hervé Favre dans La Voix du Nord.
Et il "va devoir s’expliquer. Sans casque de moto ni faux-fuyants", ironise Bruno Dive de Sud Ouest.
C'est ni plus ni moins la capacité du président à "endosser pleinement l'habit (et donc la fonction) présidentiel" qui est en jeu, explique Hervé Cannet dans La Nouvelle République du Centre Ouest.
Pour Michel Urvoy, dans Ouest France, cette affaire des "escapades peu présidentielles" pour aller retrouver l'actrice Julie Gayet souligne "l’aspect de sa personnalité qui lui est le plus reproché, sa difficulté à incarner la clarté et l’autorité".
"François Hollande peut-il encore imprimer sa marque sur le cours des choses alors même que tout paraît lui filer entre les doigts ?", demande Jean-Louis Hervois dans La Charente libre.
D'où l'avertissement lancé par Le Figaro et son directeur Alexis Brézet. "Ce qui se joue (mardi) à l’Elysée n’est pas une comédie de boulevard ni le dernier épisode de Sex in the City. C’est - n’ayons pas peur des mots – un rendez-vous décisif pour notre pays. Attention, dernier arrêt avant le grand toboggan !"