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Police : le retour du matricule passe mal

Cette photo publiée le 23 décembre 2013 par la gendarmerie nationale montre le matricule tel qu'il sera porté par les forces de l'ordre [J.Groisard / Gendarmerie nationale/AFP/Archives] Cette photo publiée le 23 décembre 2013 par la gendarmerie nationale montre le matricule tel qu'il sera porté par les forces de l'ordre [J.Groisard / Gendarmerie nationale/AFP/Archives]

Dans moins d'une semaine, les policiers et gendarmes porteront sur leur uniforme un numéro de matricule, une mesure censée améliorer le lien avec la population mais qui passe mal auprès des policiers, leurs syndicats la jugeant "stigmatisante".

 

C'était l'une des promesses du candidat à la présidence de la République François Hollande afin de lutter contre les contrôles d'identité abusifs, notamment les contrôles "au faciès".

Après avoir abandonné l'idée de la remise d'un récépissé après chaque contrôle, dispositif souhaité par de nombreuses associations, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a tranché pour le retour du matricule, abandonné il y a une vingtaine d'années et suggéré par le défenseur des droits Dominique Baudis en octobre 2012.

Les modalités de port de ce "numéro d'identification individuel" ont été précisées dans un arrêté publié vendredi au Journal officiel.

Mais voilà, le matricule, porté sous forme de scratch sur les uniformes et sur les brassards pour les policiers en civil, est très loin d'être accepté par la base qui y voit le signe d'une "stigmatisation" de son travail, selon les syndicats de police.

Cette photo publiée le 23 décembre 2013 par la gendarmerie nationale montre le matricule tel qu'il sera porté par les forces de l'ordre [J.Groisard / Gendarmerie nationale/AFP/Archives]
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Cette photo publiée le 23 décembre 2013 par la gendarmerie nationale montre le matricule tel qu'il sera porté par les forces de l'ordre
 

Chose assez inédite, tous les syndicats de police, toutes tendances confondues -gardiens de la paix, officiers et commissaires- se sont prononcés contre cette mesure le 13 décembre en rejetant le projet d'arrêté relatif au matricule lors d'une réunion technique. Ce vote n'avait qu'une valeur consultative, mais il a donné le pouls du malaise qui touche les forces de l'ordre sur le sujet.

"Si ce n'est pas une fronde, cela y ressemble fortement", a résumé une source proche du dossier.

"Les policiers sur le terrain, considèrent qu'ils font un travail républicain et suffisamment contrôlé. La base ne veut pas de ce matricule. Elle le vit mal", assure Jean-Claude Delage, secrétaire général d'Alliance (2e syndicat des gardiens de la paix).

"Pas un signe de défiance" pour Manuel Valls

 

"Cela peut les blesser, les démotiver et les démobiliser. Les policiers, rendent déjà compte et quand ils fautent, ils sont sanctionnés. Le ministère de l'Intérieur a cédé au lobbying de certaines associations", a-t-il estimé.

Le matricule s'inscrit dans le nouveau code de déontologie commun à la police et à la gendarmerie voué à rapprocher la police de la population, qui entre en vigueur lui aussi le 1er janvier 2014 et préconise notamment le vouvoiement lors des contrôles.

"L'identification des policiers n'est pas un problème en soi, mais on doute qu'elle soit déterminante dans le rapprochement police-population", explique Mohamed Douhane, secrétaire général adjoint de Synergie (2e syndicat des officiers). "On pense également que le contexte ne s'y prête pas, avec une montée des violences contre les forces de l'ordre depuis une vingtaine d'années".

Le matricule "pourrait aussi être utilisé comme un facteur de déstabilisation des policiers notamment dans les quartiers sensibles", prévient-il.

Quelques jours après le vote de défiance des syndicats, Manuel Valls a tenté de remettre un peu d'ordre et de répondre à cette grogne. Il a assuré le 20 décembre que ce retour du matricule n'était pas "un signe de défiance" à l'égard des forces de l'ordre tout en ajoutant, dans une mise en garde à peine voilée, qu'il souhaitait bien que ce matricule soit porté.

"Pour nous cela reste une mauvaise réponse à une bonne question", suggère Nicolas Comte, porte-parole d'Unité-SGP (1er syndicat des gardiens de la paix). Il faut trouver des dispositifs pour combler la fracture qui existe entre la police et la population. Mais la mauvaise réponse, c'est de montrer que la fracture est de la faute du policier".

Pour lui, "la fracture est liée à la politique du chiffre, à la judiciarisation à outrance".

Un avis que ne partage pas Pierre Mairat, coprésident du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap), l'une des associations en pointe de la lutte contre les contrôles au faciès, qui a qualifié de "demi-victoire" l'apposition de ce matricule, disant espérer que cela "limite les abus".

 

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