On le surnomme déjà «l’arpenteur de la Galaxie». Aujourd’hui, à 10h12 (heure de Paris), le télescope européen Gaïa prendra son envol de la base de Kourou, en Guyane, à bord du lanceur russe Soyouz.
La mission colossale du satellite, construit à Toulouse par Astrium pour le compte de l’Agence spatiale européenne (ESA), consistera à photographier les moindres recoins de la Voie lactée pour élaborer un atlas en trois dimensions et reconstituer l’histoire de la formation et l’évolution de notre Galaxie.
Faire, en somme, «de l’archéologie galactique», résume François Mignard, responsable du projet en France.
Traquer un milliard d’étoiles
L’entreprise, qui devrait durer cinq ans, voire six, s’annonce périlleuse. Gaïa, en orbite à 1,5 million de kilomètres de la Terre, devra traquer des astéroïdes, des exoplanètes et un milliard d’étoiles.
Il lui faudra mesurer avec précision la position de ces dernières, leur mouvement, mais également leur distance par rapport à nous. Un paramètre particulièrement difficile à déterminer, la plus proche étant située à près de 40 milliards de kilomètres. «Dans moins de deux ans, on aura un premier catalogue de tout le ciel», prédit François Mignard.
Un télescope dernier cri
Pour mener à bien sa mission, le satellite est équipé d’instruments dernier cri. D’une envergure de dix mètres, pesant deux tonnes, il est composé de deux télescopes en carbure de silicium, chacun constitué de trois miroirs incurvés et rectangulaires.
Il sera ainsi capable de distinguer des étoiles dont l’éclat est 400 000 fois plus faible que celles visibles à l’œil nu. Et la précision de son capteur photographique, «jamais égalée» selon Astrium, pourra lui permettre de mesurer un ongle humain sur la Terre depuis la Lune.
En tout, les observations de Gaïa devraient permettre de récolter plus d’un pétaoctet de données, soit l’équivalent de la capacité de 250 000 DVD. En France, six centres, dont le Centre national des études spatiales (Cnes), seront dévolus à leur traitement afin de les rendre intelligibles.
Le projet, chiffré à 940 millions d’euros au total, est le plus ambitieux de l’ESA.
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