La conférence de citoyens sur la fin de vie a préconisé lundi "la légalisation du suicide médicalement assisté", mais avec des "nuances".
Cette "conférence de citoyens", mise sur pied par le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) à la demande de François Hollande, s'oppose cependant à une inscription dans la loi de l'euthanasie, même si elle propose, dans des cas particuliers, des "exceptions d'euthanasie".
"La possibilité de se suicider par assistance médicale comme l'aide au suicide constitue, à nos yeux, un droit légitime du patient en fin de vie ou souffrant d'une pathologie irréversible, reposant avant tout sur son consentement éclairé et sa pleine conscience", souligne dans son avis le panel qui regroupe 18 citoyens "représentatifs" de la population.
Concernant la question de l'euthanasie, les citoyens estiment que "les mesures contenues dans la loi Leonetti, les avancées en matière de soins palliatifs et l'ouverture de recourir au suicide assisté que nous préconisons dans notre avis permettent d'écarter l'euthanasie comme solution pour la fin de vie".
Mais ils "se déclarent favorables à une exception d'euthanasie" envisageable dans "des cas particuliers ne pouvant entrer dans le cadre du suicide assisté" comme lorsque "le consentement direct du patient ne peut pas être recueilli".
"Ces cas strictement encadrés seront laissés à l'appréciation collégiale d'une commission locale qu'il conviendra de mettre en place", précisent-ils.
Parmi les autres aménagements, les citoyens ont également évoqué "'l'autorisation de la sédation en phase terminale", soulignant que dans cette phase, "l'objectif de soulagement de la douleur et de la souffrance du patient doit primer sur le risque de décès pouvant survenir à l'issue d'une sédation profonde".
Cette sédation doit s'inscrire dans un "échange et une écoute du patient quand cela est possible et sinon de son entourage" ont-ils ajouté.
Le panel de citoyens s'est également prononcé pour le "développement massif de l'accès aux soins palliatifs" et a regretté la faiblesse de la formation du corps médical dans ce domaine.
Jean-Luc Romero, le président de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) qui milite pour la légalisation de l'euthanasie s'est pour sa part félicité de la "grande avancée" sur le suicide assisté "qui est la porte ouverte au respect de la volonté des patients".
Mais il s'est montré beaucoup plus critique sur "l'exception d'euthanasie", estimant qu'il s'agit "d'une fausse bonne idée qui ne répond pas à toutes les situations puisqu'elle laisse encore trop de place à la décision médicale".
"Conformément à ce que demandent 9 Français sur 10", le président de la République doit "respecter la proposition 21" figurant dans son programme électoral et "légaliser enfin une aide active à mourir comme elle existe déjà aux Pays-Bas, en Belgique et au Luxembourg" ajoute-t-il.