Le groupe Doux, en redressement judiciaire depuis juin 2012, devrait voir son plan de continuation validé vendredi par le tribunal de commerce de Quimper, au terme d'une procédure de 18 mois au cours de laquelle un millier d'emplois ont été détruits.
Mardi, lors d'une audience à huis clos, les dirigeants de Doux ont présenté aux juges leur plan de continuation de l'activité, qui fait notamment état de l'entrée au capital du groupe saoudien Almunajem et de la holding de la famille Calmels D&P.
Le tribunal a mis sa décision en délibéré. Elle sera rendue à 16H30. Dans le cas d'une validation du plan de continuation, le groupe sortira du redressement judiciaire et pourra poursuivre son activité. Dans le cas contraire, jugé très peu probable, le volailler, qui emploie encore 2.100 personnes, serait liquidé.
"Aujourd'hui, les choses ont avancé, la crise se résout grâce à ses actionnaires, anciens et nouveaux", avait estimé à l'issue de l'audience Arnaud Marion, artisan du redressement du groupe en tant que manager de transition et appelé à présider le directoire dont l'entreprise souhaite se doter.
A ses côtés, selon le nouvel organigramme présenté au tribunal, Jean-Charles Doux, fils du fondateur emblématique Charles Doux, et Martin Calmels, fils de Didier Calmels. L'homme d'affaires, spécialiste de la reprise d'entreprises en faillite, prendra quant à lui la tête du conseil de surveillance.
Cette nouvelle gouvernance reflète l'accord de recapitalisation du groupe annoncé en début de semaine. Il prévoit que le fonds D&P en devienne actionnaire majoritaire avec 52,5% du capital, "aux côtés de deux actionnaires de référence", le groupe Almunajem (25%) et la famille Doux (22,5%).
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Cette dernière, qui détient actuellement 80% du capital, deviendra donc minoritaire, et BNP Paribas, qui possède 20% du capital, se retirera. L'accord devrait être finalisé au premier trimestre 2014.
C'est le fonds de Didier Calmels Développement & Partenariat qui avait racheté une créance de plusieurs millions d'euros à la banque Barclays, premier créancier de Doux.
Quant à Almunajem, il est le premier client du volailler et un partenaire fidèle puisqu'en 2014 les deux groupes fêteront leurs 40 ans d'échanges commerciaux.
Doux a également fait la démonstration mardi qu'il était capable de parvenir "à l'apurement de 100%" de son passif sur dix ans, selon Me Maurice Lantourne, avocat du groupe. En 18 mois, le volailler a réussi à diviser sa dette par quatre, passant d'un endettement de 340 millions d'euros à quelque 75 millions.
Pour sortir de l'impasse, et malgré la suppression des aides européennes, le volailler s'est recentré sur l'export et la transformation (Père Dodu), après s'être allégé de son pôle frais, liquidé au prix de la suppression d'un millier d'emplois. Il ne compte désormais plus que 2.100 salariés, dont 1.700 en CDI.
"Alors que Doux va voler de nouveau de ses propres ailes, il ne faut pas oublier qu'il y a eu un millier de suppressions d'emploi et que ces gens sont maintenant à la charge de la société", a déclaré à l'AFP Christiane Le Gouesbe, ancienne déléguée CFDT du site de Pleucadeuc, liquidé. Plus d'un an après leur licenciement, seuls 10% des anciens salariés de Doux ont retrouvé un CDI.
"On restera toujours prudents et vigilants", avait assuré mardi Nadine Hourmant, déléguée centrale FO de Doux, rappelant que 2014 serait "l'année de tous les dangers" pour le volailler.
A l'arrêt en juillet des restitutions, ces aides de Bruxelles qui permettaient aux poulets européens d'entrée de gamme de concurrencer les volailles brésiliennes sur le marché international et notamment au Moyen-Orient, s'ajoute l'effondrement du réal, la monnaie brésilienne, qui rend le poulet brésilien encore plus compétitif.
Le groupe Doux, fondé en 1955 et dont le siège est à Châteaulin (Finistère), assure la production de poulets sur toute la chaîne: de l'élevage à la transformation.