Le volailler Doux, en redressement judiciaire depuis juin 2012, va présenter mardi son plan de continuation devant le tribunal de commerce de Quimper lors d'une audience cruciale pour son avenir et celui de ses désormais 2.100 salariés.
Le groupe espère notamment que le tribunal validera l'entrée à son capital du groupe saoudien Almunajem, son premier client, et de la holding de la famille Calmels, D&P, annoncée lundi.
Lors de cette audience prévue à 14H00, le volailler présentera le plan qu'il a élaboré en vue de continuer son activité. Dans le cas de sa validation par le tribunal, il sortira du redressement judiciaire et pourra continuer son activité. Dans le cas contraire, jugé très peu probable, il serait liquidé. La décision devrait être mise en délibéré.
En attente de confirmation depuis plus de deux semaines, la recapitalisation du groupe breton a enfin fait l'objet d'un accord, a annoncé le volailler lundi.
"Selon les termes de cet accord, la holding Calmels (D&P) devient l'actionnaire majoritaire du groupe Doux avec 52,5% du capital, aux côtés de deux actionnaires de référence à savoir le groupe Almunajem (25%) et la famille Doux (22,5%)", a-t-il indiqué.
La famille Doux, qui détient actuellement 80% du capital, deviendra donc minoritaire, et BNP Paribas, qui possède 20% du capital, se retirera, selon les termes de cet accord qui devrait être finalisé au premier trimestre 2014.
Almunajem est le premier client de Doux et un fidèle puisqu'en 2014, les deux groupes fêteront leurs 40 ans d'échanges commerciaux. Le groupe saoudien soutient activement l'entreprise depuis son placement en redressement judiciaire, notamment par le paiement accéléré de ses commandes et l'augmentation du volume d'achat.
Quant à Didier Calmels, qui prendra probablement la tête du conseil de surveillance, il est spécialiste des entreprises en difficulté. C'est son fonds D&P qui a racheté une créance de plusieurs millions d'euros à la banque Barclays, premier créancier de Doux.
En 18 mois, le volailler a d'ailleurs réussi à diviser sa dette par quatre, passant d'un endettement de 340 millions d'euros, à quelque 75 millions.
Doux entend ainsi faire devant les juges la démonstration qu'il est "capable de financer son besoin en fonds de roulement, ses investissements industriels et le remboursement de son passif", selon Régis Valliot, administrateur judiciaire du groupe, pour qui "toutes les conditions semblent réunies pour que l'on puisse se présenter sereinement devant le tribunal".
2014, année de tous les dangers
Pour sortir de l'impasse, et malgré la suppression des aides européennes, le volailler s'est recentré ces derniers mois sur l'export et la transformation (Père Dodu) après s'être allégé de son pôle frais, liquidé au prix de la suppression d'un millier d'emplois. Il compte désormais 2.100 salariés, dont environ 1.700 en CDI.
2014 restera cependant l'année de tous les dangers pour le volailler, alors que l'industrie agroalimentaire traverse une crise sans précédent en Bretagne, suscitant la colère de milliers de travailleurs victimes de restructurations. "2014 est l'année difficile", reconnaît Me Valliot.
A l'arrêt en juillet des restitutions, ces aides de Bruxelles qui permettaient aux poulets européens d'entrée de gamme de concurrencer les volailles brésiliennes sur le marché international et notamment au Moyen-Orient, s'ajoute l'effondrement du réal, qui rend le poulet brésilien encore plus compétitif.
Le groupe, fondé en 1955 et dont le siège est à Châteaulin (Finistère), assure la production de poulets sur toute la chaîne: de l'élevage à la transformation. Il dispose de cinq sites de production en France, trois couvoirs et deux usines d’aliments. Il a fait sa fortune en lançant dès les années 1970 des exportations de poulets bas de gamme congelés vers le Moyen-Orient et en bénéficiant à plein des aides européennes.
Les juges, devant lesquels devraient se présenter Didier Calmels et son fils Martin, Charles Doux et son fils Jean-Charles, PDG du groupe du même nom, ainsi qu'Arnaud Marion, le manager de transition, devraient mettre en délibéré leur décision. Celle-ci pourrait être rendue vendredi.