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Enquête sur une empoisonneuse en série présumée sur la Côte d'Azur

Le procureur de la République de Nice Eric Bedos, le 10 janvier 2013 [Valery Hache / AFP/Archives] Le procureur de la République de Nice Eric Bedos, le 10 janvier 2013 [Valery Hache / AFP/Archives]

"J'ai failli mourir pour trois jours d'amour", raconte Robert, 88 ans, drogué en 2012 en Haute-Savoie par Patricia, soupçonnée aujourd'hui d'être une empoisonneuse en série. Une enquête se penche depuis peu à Nice sur le sort d'au moins quatre autres retraités qui l'ont croisée sur la Côte d'Azur, dont deux sont morts.

La Parisienne de 53 ans a été condamnée le 23 avril 2013 à cinq ans de prison ferme pour vol, escroquerie et séquestration, à l'encontre de Robert, un ancien professeur de sciences économiques, veuf, d'Annemasse.

Cette condamnation a toutefois conduit les enquêteurs à s'interroger sur d'autres de ses conquêtes masculines, dans le Var et les Alpes-Maritimes.

Le procureur de la République de Nice, Eric Bedos, a ouvert en avril une information judiciaire "contre X" pour assassinats et empoisonnements avec préméditation. L'enquête est encore très préliminaire, insiste-il. Elle porte sur deux hommes décédés qui connaissaient Patricia D., selon une source proche du dossier.

Celle-ci avait été entendue par la police niçoise dès 2011, après le décès d'un homme de 65 ans avec qui elle vivait à Nice dans un hôtel. Mais aucune charge n'avait été retenue contre elle. Elle a aussi fréquenté en 2011 dans la commune de Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes) un homme mort à 85 ans.

Les enquêteurs de la Côte d'Azur s'intéressent aussi aux témoignages d'au moins deux retraités, encore en vie mais possiblement empoisonnées, qui ont croisé son chemin à Nice et à Fréjus en 2011 et 2012.

Du Valium dans ses valises

Robert, veuf depuis plusieurs années, avait lui rencontré Patricia D. dans un restaurant en mai 2012 à Annemasse. "Elle a dû estimer que je pouvais être un pigeon: elle a tourné autour de moi et je me suis laissé posséder", confie-t-il à l'AFP.

"J'aurais jamais dû marcher mais j'ai cru au père Noël. C'est moi qui lui disais qu'on pourrait vivre ensemble, mais je lui ai dit tout de suite: on aura des rapports sexuels", reconnaît-il. "Pendant les trois premiers jours, ça allait. C'est au bout du troisième qu'elle m'a drogué. Elle essayait de me faire signer des papiers pour me voler mon argent".

"Un jour, je n'ai pas voulu signer quelque chose. Alors elle m'a fait tomber du lit", précise l'octogénaire. Il a finalement dû son salut à l'intervention de sa fille qui alerta la police d'Annemasse depuis son domicile de Pau.

Ce 26 mai 2012, les policiers hauts-savoyards interviennent alors que Patricia s'apprêtait à prendre la fuite avec plusieurs valises. A l'intérieur, ils découvrent "des tas de documents laissant penser que cette femme était une prédatrice de personnes âgées, comme des chèques vierges, un testament et des relevés de comptes d'autres personnes", selon une source proche de l'enquête.

L'avocat de Patricia, Me Cédric Huissoud, avait plaidé la relaxe. "C'est une personne qui ne ressemble pas au portrait qu'on est en train de dépeindre d'elle. C'est quelqu'un de tout à fait banal, qui a eu un parcours assez douloureux et qui apparaît comme fragile ou précaire. On est bien loin du tyran ou de la veuve noire qu'on est en train de décrire", assure-t-il.

Virginie Combépine, avocate de Robert, décrit au contraire "une personne très manipulatrice et machiavélique" qui "tisse sa toile autour de sa victime".

Jeudi, c'est un retraité de 84 ans de Fréjus qui sortait du silence dans les colonnes de Nice-Matin. "C'est une mythomane, une comédienne, (une) manipulatrice qui a profité de ma solitude", a-t-il décrit.

Ce veuf avait rencontré Patricia en janvier 2012 par le biais d'une agence matrimoniale. "Nous sommes allés dîner et elle m’a dit sans détours +tu veux me garder?+", se souvient-il. "J'ai craqué pour elle. Je retrouvais un brin de jeunesse".

Il découvre du Valium dans ses valises, fait des examens. "Je me dirigeais vers la mort sans m'en rendre compte. Le médecin m'a dit: +vous avez été empoisonné+".

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