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La mère de Fiona charge un peu plus Berkane Makhlouf

Cécile Bourgeon, la mère de Fiona, accompagnée de son avocat, Maître Gilles Jean Portejoie (g), parle à la presse le 16 mai 2013 à Clermont-Ferrand [Thierry Zoccolan / AFP/Archives] Cécile Bourgeon, la mère de Fiona, accompagnée de son avocat, Maître Gilles Jean Portejoie (g), parle à la presse le 16 mai 2013 à Clermont-Ferrand [Thierry Zoccolan / AFP/Archives]

Sans bouleverser sa version des faits, Cécile Bourgeon, la mère de Fiona, mise en examen pour "coups mortels aggravés", a chargé une nouvelle fois son compagnon et apporté des détails nouveaux lors de son audition mardi à Clermont-Ferrand

Désormais, une confrontation entre les deux mis en cause qui se rejettent les responsabilités sur la mort de l'enfant est indispensable. Elle a d'ailleurs été annoncée dans "les prochains jours" par le procureur de la République Pierre Sennès. Elle devrait avoir lieu au début novembre, indiquent des sources judiciaires concordantes.

Selon une source proche du dossier, dans le bureau des deux juges et en présence du procureur, Cécile Bourgeon a gardé la majeure partie de sa version des faits, celle qu'elle avait tenue lors de son interrogatoire de deuxième comparution.

Cependant, par-ci par-là, la jeune femme de 25 ans a distillé quelques informations et lancé quelques piques visant son compagnon, Berkane Makhlouf. Elle ne voulait pourtant pas en être séparée, à en croire les raisons pour lesquelles les deux avaient décidé, le 12 mai, d'enterrer Fiona, en présence d’Éva, non loin de Clermont-Ferrand, plutôt que d'appeler les secours.

Ainsi, fin septembre, devant les enquêteurs, Bourgeon avaient accusé Makhlouf d'avoir donné un coup. Puis, devant les juges elle avait surenchéri et parlé de martyr, assurant surtout que Fiona avait reçu des coups pendant une semaine.

Face aux magistrats mardi, selon cette source proche du dossier, elle a contesté avoir frappé Fiona contrairement aux accusations de Makhlouf. Mais elle a raconté qu'elle était battue, ainsi qu'Eva et surtout Fiona depuis un mois, avant de contester l'amour de Makhlouf pour les enfants. Pour elle, son concubin ne peut pas parler de "ses filles".

Le procureur de la République Sennès s'est alors étonné. Pour le patron du parquet, un coup peut paraitre inévitable, deux aussi. Mais un mois de violence? Et de lui demander comment et pourquoi elle, une femme qui se décrit comme une "bonne mère" n'a-t-elle rien pu faire pour protéger sur une période aussi longue sa fille? Pas de réponse, ou seulement sous la forme de chantage au suicide. Bourgeon a rétorqué en substance au procureur: vous souhaitez que je disparaisse, je vais finir par le faire.

Cécile Bourgeon le 16 mai 2013 à Clermont-Ferrand [Thierry Zoccolan / AFP/Archives]
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ci-dessus
Cécile Bourgeon le 16 mai 2013 à Clermont-Ferrand
 

La mère a par ailleurs confirmé qu'elle ne se souvenait pas de l'endroit exact où ils ont apporté le corps, dans un sac en cuir placé sur le siège arrière de la voiture, à côté d’Éva. Puis elle a donné une explication inédite à son trou de mémoire: alors qu'elle était enceinte, elle a reconnu avoir conduit sous l'effet de stupéfiants et de médicaments.

Cécile Bourgeon a livré néanmoins quelques détails sur le parcours. Partie vers l'ouest de la ville, elle a pris ensuite la direction du sud en faisant un grand détour. En revanche, elle est rentrée directement. Selon elle, il y a un quart d'heure de trajet entre une laiterie et le lieu d'enterrement, contre cinq minutes dans ses précédentes déclarations. Elle dit aussi se souvenir d'un panneau sur lequel était inscrit "Lac d'Aydat" sur fond marron.

 

Violence du père

C'est en tous les cas insuffisant pour reprendre des fouilles. Les trois premières opérations se sont déjà révélées infructueuses.

Enfin, Cécile Bourgeon a parlé de son enfance. Elle a raconté qu'elle a subi les violences de son père, tout comme sa mère qu'elle avait accueillie chez elle lorsque celle-ci avait divorcé.

Interrogé sur ces nouvelles déclarations, l’avocat du concubin, Me Mohamed Khanifar, a estimé que la mère "se construit une vérité qui va accoucher d'une stratégie de défense", constatant qu'elle a sûrement "une "personnalité plus complexe" que celle identifiée dans les premiers jours "par les psy ou son entourage".

Me Khanifar a rappellé que son client, 32 ans, multiples fois condamné pour violences et usage de stupéfiants, n'avait pas varié dans ses déclarations. Il a affirmé n'avoir pas frappé, et a parlé d'un accident domestique. Sa seule évolution a été d’avoir "arrêté de protéger Cécile parce que celle-ci l'a présenté comme un monstre".

Une chose est sûre, a annoncé Pierre Sennès: une semaine avant sa disparition, Fiona avait déjà un hématome sur la tempe que sa mère avait caché avec un bandeau.

La requalification de la mise en examen de Cécile Bourgeon la rend passible de la cour d'assises et de 30 ans de réclusion criminelle comme son concubin mis en examen pour les mêmes motifs.

L’avocat de Cecile Bourgeon, Me Gilles-Jean Portejoie, va déposer un recours en annulation de cette mise en examen car, selon lui, il n'y a pas d'autres éléments que les accusations du concubin.

Leurs statuts juridiques sont alignés l'un sur l'autre, a expliqué M. Sennès estimant que c'était "cohérent", puisqu'ils portent "des accusations réciproques".

 

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