Vincent Peillon a installé jeudi le Conseil supérieur des programmes (CSP), chargé de réfléchir à une refonte globale, notamment du programme de la maternelle qui se mettra en place dès la rentrée 2014, marquant la priorité donnée au primaire pour lutter contre l'échec scolaire.
"Il y a l'essentiel: ce que l'on doit transmettre, ce que l'on considère --la Nation toute entière-- qu'un enfant doit savoir (...) c'est la responsabilité de l'école", a dit le ministre de l'Education nationale, lors d'une conférence de presse à l'Institut de France.
"Il était urgent que nous nous dotions d'un conseil indépendant, transparent, avec des moyens, qui puisse répondre à cette question", a ajouté M. Peillon. Cette instance constitue "le coeur du réacteur de la refondation de l'école", a-t-il estimé.
Le Conseil est présidé par Alain Boissinot, ancien directeur de cabinet de Luc Ferry au ministère de l'Education. Il compte 18 membres, scientifiques, experts du système éducatif et parlementaires de différentes tendances politiques. "Je veux arracher ces questions aux logiques partisanes", a déclaré M. Peillon.
Le ministre souhaite que les membres du CSP puissent avoir "un dialogue riche et ouvert", dans une critique voilée de la méthode utilisée par l'un de ses prédécesseurs Xavier Darcos qui avait imposé les programmes du primaire en 2008, régulièrement vilipendés pour leur "lourdeur".
Le CSP devra "définir les progammes de la maternelle pour la rentrée 2014 et les programmes de chaque cycle, par exemple le CP, pour la rentrée 2015", car "il faut un an pour produire les manuels", a précisé M. Peillon.
"Il faut redonner à la maternelle" son "identité pédagogique", a-t-il insisté. La grande section avait eu tendance à se transformer en un "petit CP". "Si vous imposez à un enfant des apprentissages trop précoces, vous n'allez pas lui permettre de se développer, vous allez créer un blocage", a-t-il expliqué.
"Septembre 2014, c'est demain !"
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La "primarisation" de la maternelle dénoncée par un rapport ministériel de 2011 s'est faite au détriment de l'oral, qui est d'autant plus important dans les quartiers défavorisés, où l'impact de l'origine sociale pèse sur les résultats scolaires.
"Septembre 2014, c'est demain!", a dit à l'AFP Sébastien Sihr du premier syndicat du primaire, estimant que les programmes devraient être "définitifs, après consultation des enseignants, avant le printemps" pour leur donner le temps de les mettre en oeuvre.
Le CSP, créé par la loi pour la refondation de l'école votée en juillet, devra aussi faire des propositions sur les programmes de l'école élémentaire et du collège. Il devra "définir le socle commun de connaissances, de compétences et de culture", qu'un élève doit maîtriser du CP à la fin de la scolarité obligatoire.
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"Il faut à la fois être clair dans les grandes orientations et laisser des espaces d'initiatives aux enseignants", a estimé M. Boissinot. Il faut aussi "bien faire apparaître la cohérence de tous ces apprentissages" et non pas juxtaposer des heures de différentes matières, a-t-il plaidé.
Le Conseil fera aussi des propositions sur "la conception du programme d'enseignement moral et civique de l'école au lycée" pour la rentrée 2015. Il planchera sur l'évaluation des élèves et la formation des enseignants.
Au-delà, le CSP se penchera sur les programmes du lycée et "l'introduction du numérique dans les méthodes pédagogiques et la construction des savoirs", ou encore sur "la nature et le contenu" des épreuves du brevet et du baccalauréat.
Le ministre a de nouveau déploré, dans un entretien au Parisien, la "lente détérioration du système éducatif" qui touche près d'un quart des élèves arrivant en 6e et que l'on retrouve parmi ceux qui sortent du système éducatif sans formation ni diplôme.