Partira, partira pas... La rumeur enfle à la veille du défilé de Louis Vuitton à Paris: le styliste américain Marc Jacobs abandonnera-t-il ou non bientôt les commandes de la création de la première marque de luxe mondiale, propriété de LVMH?
Officiellement, LVMH et Louis Vuitton se refusent à tout commentaire sur ce sujet éminemment sensible.
Car Louis Vuitton, malletier-maroquinier entré dans le prêt-à-porter avec l'arrivée de Marc Jacobs il y a 16 ans, est la poule aux oeufs d'or de LVMH.
A elle seule, la marque célèbre pour ses sacs et sa toile Monogram, pèse aujourd'hui près de 7,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires, soit plus du double de l'italien Gucci (3,6 milliards en 2012), propriété du concurrent Kering (ex-PPR). Elle a décuplé ses ventes en une décennie.
ci-dessus
Mais surtout, Louis Vuitton assure l'essentiel de la rentabilité de LVMH, le numéro un mondial du luxe dirigé par Bernard Arnault.
Pourtant, "la question d'un départ de Marc Jacobs est posée. Mais il n'y a pas de réponse pour l'instant", indique une source sous couvert d'anonymat.
"Il y a six ou huit mois on n'en aurait pas parlé, aujourd'hui c'est différent", murmure une autre source, qui souhaite également rester anonyme.
Le contrat de Marc Jacobs, arrivé chez Vuitton en 1997, est censé expirer dans quelques semaines. Il a jusque-là toujours été poursuivi dans l'intérêt commun du styliste, de Vuitton et de la maison mère LVMH.
Mais le dernier renouvellement de contrat n'a été conclu que pour une année, selon l'une des sources interrogées par l'AFP.
Fin 2012, le tandem "symbiotique" que Jacobs formait avec l'ancien patron de Vuitton, Yves Carcelle, a pris fin avec le départ en novembre de ce dernier après 22 années passées à diriger la marque.
L'Espagnol Jordi Constans avait alors succédé à Yves Carcelle, avant de renoncer pour raison de santé.
M. Arnault a alors nommé en urgence l'un de ses fidèles, Michael Burke, entré 25 ans plus tôt chez LVMH et passé par Dior, Vuitton et Bulgari.
Le duo Burke-Jacobs fonctionne-t-il aussi bien que l'équipe Carcelle-Jacobs d'autrefois? La question est taboue chez LVMH et Vuitton.
"Difficile de faire aussi bien que la relation fusionnelle qui existait entre Yves Carcelle et Marc Jacobs", relève toutefois un bon connaisseur de la maison. "Ce qui ne veut pas dire que ça se passe mal entre Burke et Marc Jacobs...", ajoute cette source.
Nicolas Ghesquière ?
ci-dessus
Si Marc Jacobs finit par quitter Vuitton, ce sera peut-être pour s'occuper mieux encore de ses propres affaires... mais toujours dans l'intérêt de LVMH. Lundi, la bible américaine du monde de la mode, Women's Wear Daily (WWD), évoquait en effet une nouvelle fois un projet d'introduction en Bourse de la marque Marc Jacobs, détenue en partie par LVMH et en partie par le styliste américain et son associé de longue date le financier Robert Duffy.
Ce projet de mise en Bourse achopperait toutefois pour l'instant, mais les dirigeants de LVMH "sont désireux de capitaliser sur le potentiel de Marc Jacobs" au sein de sa propre marque, qui a lancé récemment une ligne cosmétique distribuée dans les magasins Sephora, propriété de LVMH, ajoute WWD.
En attendant, le nom du designer Nicolas Ghesquière, parti de Balenciaga (groupe Kering) en novembre après 15 ans de collaboration, circule avec insistance pour succéder à Marc Jacobs.
Nicolas Ghesquière est un proche de Delphine Arnault, la fille Bernard Arnault directrice générale adjointe de Vuitton depuis septembre, chargée de "superviser l'ensemble des activités produits" de la marque.
Objectif: impulser un nouveau souffle et peaufiner une image désormais plus sophistiquée pour Louis Vuitton, avec des produits en cuir de "la plus haute qualité", afin d'éviter une banalisation.
La maison vient d'annoncer le recrutement d'un styliste italo-canadien spécialiste du design de maroquinerie, Darren Spaziani, qui s'occupera "principalement" de développer de nouvelles lignes de maroquinerie en cuir, pour "compléter les collections existantes".