La police recherche désormais le corps de Fiona, la fillette de cinq ans morte et enterrée près de Clermont-Ferrand de l'aveu de sa mère et de son beau-père, seule certitude dans une affaire où les versions divergent après quatre mois de mensonges.
Selon une source judiciaire, des fouilles vont être entreprises dans la journée autour de la ville, Cécile Bourgeon ayant évoqué "la lisière d'une forêt" dans ses aveux.
La mère de Fiona et son compagnon Berkane Maklouf ont en effet craqué sous les questions pressantes des policiers à Perpignan, où ils sont en garde à vue depuis mardi soir. Ils doivent être déférés dans la journée au parquet de Clermont.
Fiona ne s'est pas volatilisée mystérieusement le 12 mai alors que sa mère, enceinte, s'était assoupie sur un banc du parc, comme le couple l'a soutenu devant tout le monde pendant plus de quatre mois. Elle est morte dans des circonstances encore à préciser, puis elle a été enterrée.
ci-dessus
Mais si le couple, dépassé par son propre mensonge selon un avocat, admet désormais une vérité que la police soupçonnait depuis un certain temps, la mère accuse Berkane Maklouf d'avoir porté les coups mortels, et celui-ci dément selon son avocat, évoquant "un accident domestique".
D'après une source proche de l'enquête, la mère, dont le désarroi a ému l'opinion et qui reprochait encore récemment aux policiers de ne pas aller assez vite, accuse son compagnon d'avoir frappé mortellement la fillette lors d'une soirée arrosée entre amis, la veille ou l'avant-veille du 12 mai.
Berkane Maklouf, lui, reconnaît que Fiona a reçu des coups dans les jours précédant son décès mais "nie farouchement" en être l'auteur, a dit jeudi son avocat, Me Xavier Capelet. "Il a reconnu un accident domestique et il a reconnu que le couple avait monté un scénario. Selon lui, l'enfant s'est étouffée dans son vomi. Ils l'ont trouvée le matin dans cet état et ont paniqué".
En tout état de cause, la fillette a été enterrée, a dit le couple interrogé à Perpignan, où il avait déménagé récemment, et la question cruciale pour les enquêteurs est désormais de retrouver le corps.
Cécile Bourgeon s'est montrée "très floue" sur le lieu où elle est enterrée selon son avocat, Me Gilles-Jean Portejoie, évoquant lui aussi une forêt. "On va essayer dans la journée de retrouver le corps", mais les enquêteurs "vont avoir besoin de ces personnes (la mère et le beau-père, ndlr)", a dit la source judiciaire.
Le procureur de la République à Clermont, Pierre Sennès, devrait s'exprimer en fin d'après-midi.
"Enfermés dans leur mensonge"
Les mis en cause "se sont enfermés dans leur mensonge", souligne Me Capelet, ils ont "fini par y croire eux-mêmes", "complètement dépassés par l'impact médiatique de cette affaire".
Trois autres personnes, soupçonnées d'avoir été présentes lors de la soirée fatale, sont gardées à vue dans cette affaire, à Clermont-Ferrand.
Le procureur affirmait initialement qu'il "n'y avait pas de raison de mettre en cause la parole de la mère", plusieurs témoins ayant corroboré la présence de Fiona dans le parc le jour de sa disparition.
Des jeunes de leur quartier à Perpignan ont décrit Berkane Maklouf comme un "toxicomane notoire". "Dès qu'il est arrivé, il cherchait de l'héroïne et demandait où on pouvait en trouver", a dit l'un d'eux à une correspondante de l'AFP.
"Les enquêteurs n'ont pas mis la mère en garde à vue rapidement car elle était enceinte, mais ils auraient bien aimé. Elle a accouché en août, ils ont attendu un mois pour la mettre en garde à vue", selon une source proche de l'enquête.
Dans un premier temps, l'enquête s'était concentrée sur l'entourage de la mère, notamment un Algérien de 34 ans à l'encontre duquel elle avait porté plainte un an plus tôt pour "viol et séquestration". Cécile Bourgeon a été entendue début septembre dans ce dossier présenté comme distinct par le parquet.
Depuis quatre mois, les enquêteurs ont aussi épluché les centaines d'appels reçus sur le Numéro Vert national (0800 958 081) mis en place au lendemain de la disparition, qui signalaient Fiona aux quatre coins du pays.
"J'espère revoir ma fille en entier", disait mercredi à Clermont-Ferrand le père de Fiona et de sa soeur Eva, Nicolas Chafoulais, alors que les aveux de son ancienne compagne n'étaient pas encore connus.
Qui est Berkane Maklouf, suspect n°1 de la mort de Fiona ?
Diaporama : ces enfants martyrs
Le compagnon de la mère avoue mais parle d'accident domestique