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Gens du voyage : un député UDI créé la polémique

Le député-maire UMP de Cholet Gilles Bourdouleix pose devant sa mairie, le 26 mai 2006 Le député-maire UMP de Cholet Gilles Bourdouleix pose devant sa mairie, le 26 mai 2006 [Frank Perry / AFP/Archives]

Gilles Bourdouleix, le député-maire (UDI) de Cholet (Maine-et-Loire), où des gens du voyage s'étaient installés dimanche sur un terrain privé, a provoqué de vives réactions lundi après la publication par Le Courrier de l'Ouest de ses propos sur les gens du voyage, l'élu disant qu'"Hitler n'en a peut-être pas tué assez".

En diffusant un enregistrement lundi à la mi-journée sur son site internet, le journal a confirmé que M. Bourdouleix a bien tenu ces propos, alors qu'il se trouvait dans le campement.

On y entend le député-maire de Cholet lancer dans un brouhaha "la loi, elle s'applique". Puis, un peu moins fort, alors que, selon le journal, les gens du voyage à qui il s'adressait ont tourné les talons, il ajoute: "Comme quoi Hitler n'en a peut-être pas tué assez."

Le journal précise qu'à ce moment-là, M. Bourdouleix était "excédé par des saluts nazis" faits par des gens du voyage, et par "les accusations de racisme".

Lundi après-midi, les gens du voyage, installés depuis dimanche illégalement sur ce terrain de Cholet, ont quitté d'eux-mêmes les lieux à destination de la Vendée voisine, a indiqué la préfecture du Maine-et-Loire.

Les propos du député-maire ont entraîné nombre de réactions indignées lundi, notamment celle du président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, qui a condamné ces "mots abjects".

Le président de l'UDI, Jean-Louis Borloo, a de son côté condamné "de la manière la plus formelle" les propos de M. Bourdouleix et saisi la direction du parti sur les suites à donner à cette affaire. Selon le secrétaire général de l'UDI et porte-parole du groupe à l'Assemblée nationale, Jean-Christophe Lagarde, M. Bourdouleix risque l'exclusion du parti.

SOS Racisme quant à elle a réclamé dans un communiqué "une réaction urgente de la part des pouvoirs publics", disant étudier "les suites juridiques à donner à cette affaire d'une extrême gravité". Pour l'association de lutte contre le racisme, "si rien n'est fait, les responsables politiques de ce pays deviendraient alors comptables des passages à l'acte racistes qui s'annoncent pour les semaines à venir".

Jean-Louis Borloo, le 3 juillet 2013 à l'Assemblée nationale [Bertrand Guay / AFP/Archives]
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Jean-Louis Borloo, le 3 juillet 2013 à l'Assemblée nationale
 

Interrogé par l'AFP après la diffusion de l'enregistrement sur le site du Courrier de l'Ouest, le député-maire a nié avoir tenu les propos rapportés par le journal.

Il s'agit de "propos manipulés par un journaliste avec l'aval de sa rédaction en chef", a-t-il affirmé. "C'est un règlement de compte" car "ces gens-là ont perdu des procès contre moi", a-t-il accusé.

150 caravanes

Le journaliste du Courrier de l'Ouest présent sur les lieux a "bidouillé un enregistrement en me faisant dire des propos que lui-même venait de me dire", a affirmé M. Bourdouleix, qualifiant au passage le journaliste de "petit merdeux".

De son côté, le rédacteur en chef du Courrier de l'Ouest, Bruno Geoffroy, a vivement réagi à cette accusation: "Je n'accepte pas qu'on puisse traiter un journaliste de petit merdeux."

M. Geoffroy a souligné "l'honnêteté du travail qui a été fait". "Cela a été fait proprement, dans le respect de tout le monde, y compris de Gilles Bourdouleix que nous sommes allés voir après", a expliqué le rédacteur en chef à l'AFP, en réclamant à M. Bourdouleix des preuves des accusations portées contre son journaliste.

L'élu a expliqué avoir dit que "malheureusement, Hitler, il les tuerait ici". "Je ne dis pas qu'il aurait bien fait, je dis seulement que, quelque part, ils ont de la chance, personne ne va les tuer", a-t-il ajouté.

Interrogé sur la réaction de M. Borloo et sur la saisine de la direction de l'UDI, M. Bourdouleix a répondu: "Je m'en fous totalement."

Le député-maire a dit avoir "déposé plainte pour diffamation, atteinte à l'honneur et atteinte à l'image" contre Le Courrier de l'Ouest et menacé de poursuivre "toute personne qui relayera ces propos mensongers".

Quelque 150 caravanes de gens du voyage s'étaient installées dimanche à Cholet, selon l'élu, qui réclamait "l'évacuation immédiate" du campement par les forces de l'ordre.

Une loi de 2000 impose à toute commune de plus de 5.000 habitants de créer des aires d'accueil pour les populations itinérantes. A Cholet, l'aire de grand passage réservée était fermée en raison de travaux, a précisé à la préfecture du Maine-et-Loire.

M. Bourdouleix, 53 ans, est le président du Centre national des indépendants et paysans (CNIP) qui a rejoint l'UDI. Il a déjà été la cible de plaintes, notamment de la Ligue des droits de l'Homme, pour ses propos sur les gens du voyage, contre lesquels il a multiplié les procédures.

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