La Cour de cassation doit dire mardi si elle valide ou non le renvoi du tueur en série Francis Heaulme devant les assises pour le meurtre de deux enfants de huit ans, en 1986, à Montigny-lès-Metz (Moselle).
La défense de Francis Heaulme reproche à l'arrêt de mise en accusation de porter atteinte à sa présomption d'innocence et met en cause l'objectivité d'un gendarme qui avait recueilli en 1992 des confidences de Francis Heaulme, qui avait évoqué sa présence sur les lieux du crime.
Demandant à la chambre criminelle de rejeter le pourvoi, l'avocat général avait rétorqué que la chambre de l'instruction qui a renvoyé le "routard du crime" devant les assises a bien vérifié les déclarations du gendarme.
Le 21 mars dernier, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Metz avait notamment estimé que la présence sur les lieux de Francis Heaulme, déjà condamné à perpétuité pour neuf meurtres, justifiait qu'il réponde devant les assises de la mort de Cyril Beining et Alexandre Beckrich.
Les deux garçons de 8 ans avaient été retrouvés le crâne fracassé à coups de pierre le 28 septembre 1986 à proximité d'une voie ferrée dans la périphérie de Metz.
Parmi les charges qui pèsent contre Francis Heaulme, 54 ans, des témoins affirment l'avoir vu, le visage ensanglanté, peu de temps après le crime, non loin de la voie ferrée.
La gendarmerie a par ailleurs estimé reconnaître la "quasi-signature criminelle" du tueur en série, qui conteste ce double meurtre.
Et malgré des déclarations contradictoires, il a fourni aux enquêteurs une description assez précise des lieux du crime.
Francis Heaulme a été mis en examen dès 2006 dans l'affaire de Montigny-lès-Metz, mais a bénéficié d'un non-lieu en 2007, faute de charges suffisantes, avant que deux suppléments d'information soient ordonnés et qu'il soit finalement renvoyé aux assises.
Plus de dix ans après l'acquittement de Patrick Dils, la justice tente d'écrire l'épilogue d'une affaire dont l'enquête et l'instruction ont été régulièrement critiquées.
Alors âgé de 16 ans, l'apprenti cuisinier Patrick Dils avait été interpellé en 1987, puis condamné deux ans plus tard à la réclusion criminelle à perpétuité.
En 2001, il a bénéficié d'une rarissime procédure de révision de son procès, quand la présence de Francis Heaulme à proximité de la scène du crime a été établie. Rejugé, Patrick Dils a été condamné à 25 ans de réclusion criminelle, avant d'être acquitté en 2002, au terme d'un procès à Lyon au cours duquel Francis Heaulme a témoigné.
Il avait alors réaffirmé qu'il n'avait pas tué les deux enfants à Montigny-lès-Metz, déclarant notamment: "Je veux pas m'accuser d'un meurtre que j'ai pas commis".