Des centaines de personnes, 400 selon la police, un millier selon les organisateurs, se sont rassemblées samedi à Argenteuil (Val-d'Oise) pour dénoncer l'islamophobie, après des agressions de femmes voilées dans la ville.
"L'islamophobie en France existe, elle tue", a martelé devant des journalistes Kamel Raskallah, porte-parole du collectif des habitants d'Argenteuil-Bezons, déplorant le "mutisme" des médias et des responsables politiques.
Deux femmes voilées ont porté plainte pour des agressions commises ces dernières semaines.
La première victime, Rabia, 17 ans, a expliqué avoir été agressée le soir du 20 mai, alors qu'elle rentrait chez elle. "Ils m'ont arraché le voile, ils m'ont mise à terre, ils m'ont insultée de +sale arabe+, +sale musulmane+", a-t-elle raconté lors d'une conférence de presse, avant le rassemblement organisé devant la sous-préfecture.
"J'ai vraiment été surprise par la violence qu'ils ont eue à mon égard", a-t-elle témoigné, en pleurs. La jeune femme a souffert de "contusions au visage, à la bouche, au coude", a-t-elle décrit.
La seconde victime, âgée de 21 ans, qui n'était pas présente samedi, a été agressée par deux hommes le 13 juin, selon plusieurs sources. Enceinte de quatre mois, elle a fait une fausse couche mais le lien avec l'agression n'est pas établi, selon ces sources.
Le parquet de Pontoise a ouvert mercredi une information judiciaire pour "violences volontaires aggravées" concernant la première victime et "violences volontaires en réunion" pour la seconde. Le "caractère discriminatoire (des agressions) n'a pas été reconnu", a regretté l'avocat de Rabia, Me Hosni Maati. Il a précisé que "personne n'a été interpellé et mis en examen dans ce dossier".
Ces agressions ont suscité une vive émotion dans la communauté musulmane d'Argenteuil, ville de 105.000 habitants située à une dizaine de kilomètres de Paris.
La femme qui s'est faite agresser le 13 juin a été reçue jeudi en compagnie de son mari au ministère de l'Intérieur où la seconde, Rabia, était représentée par son avocat. Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a adressé une lettre aux deux femmes "pour leur apporter son soutien", selon le ministère. Le père de Rabia a expliqué avoir décliné l'invitation estimant que "c'est à M. Valls de se déplacer, comme il l'a fait pour d'autres communautés".
Lors de ce rassemblement soutenu par plusieurs associations dont le Collectif contre l'islamophobie et la Coordination contre le racisme et l'islamophobie, une troisième femme, Kahina, a raconté une agression subie en 2009 à Argenteuil.