Les salariés de Virgin se sont à nouveau rassemblés lundi devant le magasin amiral des Champs-Elysées à Paris pour ce qu'ils considèrent comme "la der des der", avant une audience au tribunal de commerce qui risque de déboucher sur une liquidation rapide de l'enseigne.
"C'est la der des der, les dés sont jetés", a indiqué à l'AFP Ahcène Bouzit (FO), une formule revenant comme un leitmotiv parmi les quelque 150 salariés vêtus des gilets rouges de Virgin réunis devant le magasin emblématique de la capitale.
Pour le syndicaliste, l'audience prévue en début d'après-midi au tribunal de commerce de Paris, qui vise à examiner les offres de reprise des 26 magasins du groupe en redressement judiciaire, revient à signifier "la mort de Virgin".
"On va nous fixer la date d'enterrement", a-t-il indiqué, s'attendant à une décision dans les prochains jours, voire immédiate, alors qu'à ses côtés, certains salariés avaient détourné le logo blanc sur fond rouge du groupe pour écrire: "Viré".
"Le sentiment général, c'est vraiment le dégoût", a expliqué de son côté Loïc Delacourt (CGE-CGC), pour qui la fermeture des magasins n'est plus qu'une question de jours. "Jusqu'au dernier moment, on va se battre pour faire augmenter le plan social", a-t-il toutefois ajouté.
Selon les syndicats, qui ont rendu un avis défavorable sur les offres de reprise, celles encore en lice ne portent que sur une soixantaine de postes fermes, alors que Virgin emploie 960 salariés.
Le groupe Cultura, spécialiste des loisirs créatifs, propose de reprendre le magasin d'Avignon (17 postes). Et Vivarte, groupe multi-enseignes de prêt-à-porter et chaussures (marques André ou La Halle), est intéressé par 9 sites. L'enseigne propose "40 offres fermes" de transferts de contrats pour des caissiers et des propositions de reclassement pour 90 autres.
Pour les salariés, venus manifester parfois depuis la province, l'avenir est plus qu'incertain.
Emilie Fornaro, hôtesse de caisse polyvalente à Dunkerque, âgée 25 ans, le voit comme "très critique vu la conjoncture".
"On sait qu'on sera tous licenciés. (...) C'est super dur. Là, on se rend compte vraiment que c'est fini", reconnaît sa collègue Laetitia Debarge, 38 ans, employée en papeterie depuis six ans.
"Pour l'instant, je vois le néant. Je ne sais pas ce qui va se passer ni pour moi ni pour les autres", confie de son côté Valentin Schaal, employé à Strasbourg depuis quatre ans. Damien Jullian, venu d'Avignon où il est vendeur disque et vidéo depuis 14 ans, assure tout de même que l'état d'esprit reste "revendicatif pour réclamer un plan social à la hauteur".
Avant de se rendre devant le tribunal de commerce, les salariés prévoyaient d'ailleurs de rendre visite à l'un de leurs actionnaires, Lagardère, pour, a expliqué Guy Olharan (CGT), lui "faire un petit coucou" et l'inciter à abonder au plan social. Le budget de ce plan est actuellement de huit millions d'euros, alors que les syndicats estiment qu'il faudrait près du double pour un plan "décent".