Des inspecteurs de l'Agence du médicament doivent se rendre ce lundi à l'usine Teva de Sens (Yonne) à la suite de l'affaire des médicaments mal conditionnés alors que l'enquête se poursuit à Marseille après le décès d'un nonagénaire.
Le parquet a ouvert une enquête à Marseille à la suite du décès, samedi soir, d'un nonagénaire qui prenait depuis une dizaine de jours le diurétique Furosémide, un médicament générique du laboratoire Teva, dont une boîte entamée provenant d'un lot mal conditionné et pouvant contenir un somnifère a été retrouvée à son domicile.
Ouverte par le pôle santé publique du parquet pour "recherche des causes de la mort", cette enquête "classique" doit permettre "d'élargir les investigations" après le décès de ce retraité de 91 ans, retrouvé mort à son domicile, a expliqué dimanche à l'AFP le procureur de la République à Marseille, Jacques Dallest.
L'homme, né en septembre 1921, est mort dans sa maison du quartier du Roucas Blanc, dans le VIIe arrondissement, des suites "de ce qui semble être un oedème pulmonaire, selon les premières constatations des marins-pompiers", a précisé le procureur. Un diurétique, le Furosémide Teva 40 mg (spécialité générique du Lasilix), lui avait été prescrit il y a une dizaine de jours et une infirmière assurait le suivi médical à son domicile, a précisé le procureur.
Une autopsie devait être pratiquée dimanche, "compte tenu du caractère sensible du dossier", et des "examens toxicologiques" ont été prévus, "afin de déterminer les liens de causalité entre le décès et la prise des médicaments, un lien qui pour l'instant n'est pas établi", a ajouté M. Dallest, qui tient à rester très prudent dans ce dossier.
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Vendredi, l'Agence du médicament (ANSM) avait alerté sur une procédure de rappel concernant deux lots de ce diurétique du laboratoire Teva, le leader mondial des génériques. "A la suite d'un problème de conditionnement de boîtes de Furosémide Teva 40 mg, médicament diurétique, certains comprimés ont pu être remplacés par des comprimés d'un somnifère (Zopiclone également appelé Imovane)", avait prévenu l'ANSM.
Plusieurs boîtes de ce médicament ont été retrouvées chez le nonagénaire marseillais, qui vivait seul dans une petite maison, située dans une ruelle tranquille. "Parmi celles ouvertes, l'une appartenait au fameux lot mal conditionné", a souligné M. Dallest.
Enquête dans l'usine lundi
Il s'agit de savoir avec certitude si le nonagénaire a pris en dernier lieu le diurétique issu du mauvais lot, alors que des boîtes conformes ont également été retrouvées chez lui. Les diurétiques sont prescrits dans des cas d'hypertension artérielle et d'oedèmes d'origine cardiaque, rénale ou hépatique, l'arrêt brutal du traitement présentant des risques avérés.
L'infirmière du nonagénaire, ainsi que son pharmacien, doivent être entendus, a-t-on appris de source proche de l'enquête.
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La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a annoncé dimanche qu'une enquête allait être menée dès lundi dans l'usine de conditionnement de Teva, située à Sens (Yonne), assurant que la "chaîne d'alerte mise en place (avait) bien fonctionné". "Tous les lots concernés ont été retirés du marché dès vendredi après-midi", a ajouté la ministre, après l'alerte donnée par un pharmacien, surpris de constater "des effets de somnolence inhabituels" chez l'une de ses clientes.
Parallèlement au communiqué de l'ANSM, Teva avait annoncé vendredi le lancement d'une procédure de rappel après "la découverte de comprimés d'un autre médicament (somnifère) dans une boîte" du diurétique.
Deux lots sont concernés. Il s'agit des lots Y175 (date d'expiration: 08/2015) et Y176 (date d'expiration: 08/2015), soit "95.000 boîtes par lot", avait précisé l'Agence du médicament.
Selon un porte-parole de Teva, interrogé dimanche par l'AFP, l'erreur de conditionnement concerne seulement "quelques dizaines de boîtes".
L'ANSM, qui a mis en place un numéro vert (0800.51.34.11), avait invité vendredi les patients traités au Furosémide portant les numéros de ces deux lots à rapporter leurs boîtes à leur pharmacien.
"Le somnifère incriminé n'est en soi pas mortel, mais vu le grand âge de la victime, toute faiblesse médicale peut s'avérer grave", a souligné dimanche le procureur de Marseille.
M. Dallest a ajouté qu'il communiquerait sur cette affaire à l'issue des résultats de l'autopsie. L'enquête a été confiée à la Sûreté départementale des Bouches-du-Rhône.