Le procureur de la République de Saint-Quentin a ouvert une information judiciaire pour homicide involontaire et non assistance à personne en danger, après l'incendie qui a causé la mort par asphyxie de cinq enfants âgés de 2 à 9 ans fin mars, a-t-il annoncé jeudi.
L'incendie, qui s'était déclaré dans la nuit du 30 au 31 mars dans la maison du père à Saint-Quentin, semble avoir été déclenché par l'un des enfants, qui "aurait manipulé un briquet à proximité d'une pile de matelas entreposés dans la chambre", a indiqué le procureur, Damien Savarzeix, dans un communiqué.
Un rapport d'expertise du laboratoire de la police scientifique de Lille, "a exclu la thèse d'un incendie criminel ainsi que celle d'un sinistre provoqué par la défectuosité d'un appareil ou d'une installation électrique", a précisé le procureur.
Le feu, parti d'une chambre donnant sur l'arrière, s'est "développé très rapidement, embrasant l'ensemble du premier étage de l'habitation en un quart d'heure environ", a-t-il ajouté.
Selon le procureur, le "fort état d'ébriété" du père des enfants le soir des faits est "susceptible d'avoir réduit ses capacités de surveillance des enfants, mais également de sauvetage une fois l'incendie déclaré". Les analyses attestent d'un réveil tardif du père après le déclenchement de l'incendie.
Compte tenu de "l'absence de toute tentative pour extraire les enfants de l'habitation (...), son état d'alcoolisation associé à une probable intoxication partielle par les gaz d'incendie ont pu notablement réduire sa lucidité", a estimé M. Savarzeix.
Alors que l'aîné des enfants avait déjà en 2008 mis le feu à sa chambre en utilisant un briquet, provoquant un début d'incendie, le père a pourtant le soir des faits "laissé dans sa chambre, à portée de main des petites victimes deux briquets, dont l'un au moins fonctionnait", a encore expliqué le procureur.
Le père, âgé de 40 ans, qui accueillait ses enfants pour le week-end, avait été sérieusement brûlé lors du sinistre, notamment au visage.
L'ouverture de l'information judiciaire doit permettre "d'évaluer la responsabilité pénale (...) de l'adulte qui avait en charge les mineurs", a conclu le procureur de Saint-Quentin.