Une famille d'origine bosniaque, qui a obligé plusieurs Yougoslaves à lui vendre leurs maisons pour des prix "ridiculement bas" afin d'éponger des dettes abyssales résultant de prêts usuraires, doit être présentée vendredi à un juge d'instruction de Bobigny, selon des sources policières et judiciaire.
"Plusieurs pavillons" ainsi qu'un appartement dans le centre-ville de Cannes: les saisies dans cette enquête, menée par la Sûreté départementale et le Groupe d'intervention régional (Gir) de la Seine-Saint-Denis, sont estimées à 1,2 million d'euros.
Cette somme représente à elle seule plus d'un sixième des avoirs criminels gelés par le Gir dans le département en 2012.
Des voitures de luxe, comme une Porsche Cayenne, des montres Rolex ou Bulgari ont également été saisies, ainsi que trois armes de poing retrouvées lors des perquisitions.
Les trois frères de cette famille arrivée en France avec le statut de réfugié politique et présentée par les enquêteurs comme "un clan mafieux", sont déjà connus de la justice. L'aîné a déjà fait de la prison pour trafic d'armes en provenance de l'ex-Yougoslavie.
Ils doivent être présentés vendredi avec leurs trois épouses et deux enfants d'un des couples à un juge d'instruction, après l'ouverture d'une information judiciaire pour extorsion en bande organisée et association de malfaiteurs. Le parquet de Bobigny demande leur mise en examen et leur incarcération.
"Tout leur système était basé sur la terreur, la peur qu'ils inspiraient", a expliqué à l'AFP une source proche de l'enquête, qui a démarré l'été dernier après qu'une des victimes, à bout, est sortie du silence et a porté plainte. Une autre, dont la grand-mère avait été molestée, avait fini par se réfugier à l'étranger.
"Ce clan prêtait des sommes d'argent, qui n'étaient pas d'un montant astronomique: 10 à 20.000 euros en moyenne. Très rapidement le taux d'intérêt devenait démesuré, passant de 4 à 20%", explique une autre source policière. En un an, une dette pouvait même passer de 10.000 à 120.000 euros, et la victime était sans cesse harcelée.
Plusieurs victimes ont ensuite été contraintes, pour éponger leur dette, de céder leur maison. "Par exemple, un pavillon valant 400.000 euros, ils vont accepter de le vendre 200.000 euros", explique la source. Les ventes, réalisées devant notaire, étaient tout à fait légales.