Lakshmi Mittal a exclu une aciérie électrique à Florange mais évoqué des investissements à Dunkerque et Fos mercredi à l'Assemblée, où il a livré un discours libéral mais plaidé pour du protectionnisme en Europe, selon des députés.
Pour le site de Florange, le PDG du groupe ArcelorMittal s'en est tenu "à la feuille de route" des 180 millions d'euros d'investissements dans les cinq ans, "dont on a bien compris qu'ils avaient été arrachés" par le gouvernement, a raconté Michel Liebgott au sortir de l'audition à huis clos devant la commission d'enquête sur la sidérurgie.
L'industriel indien a exclu la construction d'une aciérie électrique, "pas compétitive selon lui en raison de coûts de l'énergie qui seraient 30 fois supérieurs à l'Allemagne".
Sur le projet de production d'acier "vert" LIS, qui succède à Ulcos, M. Mittal a notamment souligné que "les études n'auront de traduction industrielle que si c'est viable économiquement", selon ce député PS de Moselle.
Mais, a souligné cet élu, Lakshmi Mittal "n'a pas répondu aux questions qui l'embêtaient, même répétées, sur le sort des intérimaires de Florange et des salariés ne travaillant pas directement pour ArcelorMittal, sur les montants qu'il a récupérés du CO2, des crédits d'impôts ou du chômage partiel".
En revanche, le PDG du groupe sidérurgique a exprimé notamment la "volonté de développer les sites portuaires de Fos et Dunkerque avec des investissements", qu'il n'a pas chiffrés, et a insisté sur une capacité de recherche et d'innovation en France "parmi les meilleures au monde", a noté le député PS des Deux-Sèvres Jean Grellier.
Dans un communiqué diffusé en soirée, ArcelorMittal a confirmé que son PDG avait souligné que l'avenir du groupe consistait à "concentrer la production de fonte dans ses usines côtières qui sont les plus compétitives".
L'objectif du groupe, qui emploie 20.000 personnes en France, est aussi de "poursuivre le développement de ses usines continentales pour en faire des centres d'excellence bénéficiant d'une position stratégique, à proximité des clients", a-t-il ajouté.
M. Mittal a rappelé que la demande d'acier avait plongé de 30% en Europe depuis 2007, une situation qui a rendu "nécessaire de reconfigurer le dispositif industriel d'ArcelorMittal en Europe et en France et de répondre à la demande du marché de la manière la plus compétitive qui soit", a-t-il souligné.
Arrivé pour son audition à huis clos avec une demie-heure de retard à cause, selon lui, "des infrastructures à revoir", le PDG d'ArcelorMittal a aussi livré, "souriant", un discours "libéral, brut de décoffrage" notamment sur les coûts de production trop élevés en Europe et en France, qu'il a comparés par exemple à un coût horaire du travail de 3 dollars en Chine, a déclaré M. Liebgott à la presse, tenue à l'écart de la salle d'audition sur demande de M. Mittal.
Soulignant que M. Mittal a "plaidé pour des mesures protectionnistes en Europe, comme le font les Etats-Unis, pour que l'Europe ne soit pas envahie par des produits moins chers", ce député s'est dit "inquiet" que "dans 20 ou 30 ans, il n'y ait plus de sidérurgie en Europe s'il n'y a pas des actions concrètes et fortes de fermeture des frontières".
"C'est vraiment la politique industrielle européenne qui doit être repensée avec des enjeux de protection de notre modèle", a renchéri M. Grellier.