La justice qui a condamné pour barbarie les parents de Marina, fillette morte en 2009 de coups répétés, était à son tour sur la sellette jeudi, accusée de négligences dans le suivi de l'enfant dont le signalement avait été classé sans suite par le parquet.
"Nous sommes dans une situation où tout le monde a été alerté mais où la mécanique du grand mammouth de l'administration et de la justice n'a pas compris qu'une enfant était en détresse totale", a soutenu devant le tribunal d'instance du XIIIe arrondissement de Paris Me Pierre-Olivier Sur, avocat de l'association Innocence en danger.
Aux côtés d'Enfance et Partage, cette association de défense des droits de l'enfant a assigné l'Etat pour "faute lourde", estimant que si l'enquête pénale avait été réalisée correctement, Marina aurait pu être sauvée.
Marina Sabatier, 8 ans, est morte pendant l'été 2009 sous les coups de ses parents, condamnés en juin 2012 à 30 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises de la Sarthe pour actes de torture et barbarie ayant entraîné la mort.
Les "manquements répétés" de l'institution judiciaire ont constitué "un permis de tuer", "un passeport pour la mort de la fillette", a asséné Me Rodolphe Costantino pour Enfance et Partage.
Les débats du procès avaient montré comment les enquêtes sur les soupçons de maltraitance ont été laissées sans suite malgré des signalements auprès du parquet du Mans initiés notamment par la directrice de l'école. Une enquête de gendarmerie n'avait pas convaincu le parquet de poursuivre ses investigations.
"Je vous demande de considérer que les enquêteurs ont fait ce qui était en leur pouvoir en fonction des éléments dont ils disposaient", a défendu Me Sandrine Bourdais pour l'agent judiciaire de l'Etat.
Interrogée par des médecins et des gendarmes après le signalement, "Marina ne se plaint de rien, explique chacun des nombreux coups relevés sur son corps" et "rien ne permet alors d'imputer ces faits aux parents de Marina", a plaidé l'avocate.
L'audience dans cette procédure civile s'est déroulée devant le tribunal d'instance, juridiction compétente pour les litiges inférieurs à 10.000 euros. Les associations demandent la somme d'un euro symbolique et une condamnation pour "faire bouger les choses" en matière de protection de l'enfance.
La justice rendra sa décision le 6 juin.