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T-Shirt "Jihad" : la mère et l'oncle relaxés

Bouchra Bagour (G) et son avocate Gaële Guenoun, le 19 décembre 2012 au tribunal d'Avignon (sud) [Anne-Christine Poujoulat / AFP/Archives] Bouchra Bagour (G) et son avocate Gaële Guenoun, le 19 décembre 2012 au tribunal d'Avignon (sud) [Anne-Christine Poujoulat / AFP/Archives]

Le tribunal correctionnel d'Avignon a relaxé mercredi une mère de famille et son frère poursuivis pour "apologie de crime" après avoir envoyé un enfant de trois ans à l'école vêtu d'un tee-shirt portant les mentions +Je suis une bombe+ sur la poitrine et +Jihad, né le 11 septembre+ au dos.

A l'audience le 6 mars, le ministère public avait requis une condamnation en laissant la peine à l'appréciation du tribunal. Les prévenus encouraient cinq ans de prison et une amende de 45.000 euros.

Le tribunal s'est appuyé sur l'article 24 de la loi du 29 juillet 1881, qui prévoit que l'apologie de crime doit être non équivoque, pour prononcer la relaxe de Bouchra Bagour, 35 ans, secrétaire, et son frère, Zeyad, 29 ans, employé dans un restaurant.

"Je suis ravie, c'est une décision subtile et juridiquement motivée qui devrait mettre un terme à cette regrettable affaire", s'est réjouie Me Gaële Guenoun, l'avocate de Mme Bagour, absente à l'énoncé du délibéré "par discrétion".

Son frère, présent, s'est dit "content" et "soulagé" que "chaque chose (ait) été remise à sa place", avant d'ajouter: "ce n'est pas moi qui ai provoqué tout ça".

"J'ai le sentiment que le droit ne rejoint pas la réalité telle qu'elle est perçue par les citoyens", a regretté le maire le maire (UMP) de Sorgues, Thierry Lagneau, dont la constitution de partie civile a été jugée irrecevable de fait.

Il a considéré la relaxe des Bagour comme "un aveu de faiblesse" qui "donne le sentiment que tout est permis".

M. Lagneau "a raté son coup, la justice et la loi n'ont pas emboîté le pas à ses manoeuvres politiciennes" en vue des prochaines élections municipales de 2014, a estimé l'avocat de Zeyad Bagour, Me Soliman Makouh, saluant "la sagesse" et "la qualité des magistrats".

Le garçonnet prénommé Jihad s'était rendu à l'école maternelle de Sorgues (Vaucluse) le 25 septembre vêtu d'un tee-shirt, offert par son oncle, portant les inscriptions +Je suis une bombe+ sur la poitrine et +Jihad, né le 11 septembre+ au dos.

A l'audience, frère et soeur, qui avaient obtenu le soutien du Mrap, s'étaient défendus de toute provocation, invoquant une "maladresse". "Qui aujourd'hui peut prétendre que ce n'est pas une allusion directe et scandaleuse au terrorisme", avait rétorqué le vice-procureur Olivier Couvignon.

Le représentant du ministère public avait requis la condamnation des deux prévenus en distinguant la responsabilité de M. Bagour, à l'initiative de l'achat du vêtement, de celle de sa soeur, soumettant la peine à l'appréciation du tribunal. Il avait en outre demandé des amendes de 1.000 euros à l'encontre de la mère et 3.000 euros à l'encontre de son frère, assortie d'une obligation d'afficher la décision judiciaire.

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