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L'autorité d'Ayrault remise en question

Jean-Marc Ayrault, le 27 mars 2013 à l'Assemblée nationale à Paris [Pierre Andrieu / AFP/Archives] Jean-Marc Ayrault, le 27 mars 2013 à l'Assemblée nationale à Paris [Pierre Andrieu / AFP/Archives]

Après plus de dix mois à Matignon, Jean-Marc Ayrault, jamais cité par François Hollande durant son interview sur France 2 et injurié par Arnaud Montebourg en décembre dernier, peine toujours à s'imposer dans la majorité.

Le nouveau directeur du pôle communication de Matignon, Jérôme Batout, ancien dirigeant de Publicis Consultants nommé vendredi, a pu mesurer l'ampleur de la tâche qui l'attend en lisant l'interview du Premier ministre dans le Journal du dimanche.

Au moment où François Hollande sonne la mobilisation pour l'emploi et attend de l'exemplarité de ses ministres, M. Ayrault y confirme les propos peu amènes que lui a tenus Arnaud Montebourg au moment de Florange, au risque d'entamer un peu plus son autorité.

Dans le livre "Florange, la tragédie de la gauche" (Editions Plon), les journalistes Valérie Astruc et Elsa Freyssenet ont révélé que le ministre du Redressement productif s'en était pris avec virulence au chef du gouvernement en décembre 2012 lorsque les deux hommes s'opposaient au sujet d'une éventuelle nationalisation du site sidérurgique de Florange.

Selon les deux journalistes, M. Montebourg aurait alors dit par téléphone à M. Ayrault: "Tu fais chier la terre entière avec ton aéroport de Notre-Dame-des-Landes, tu gères la France comme le conseil municipal de Nantes".

"Oui", confirme M. Ayrault dans le JDD, le ministre, qui s'était présenté contre lui en 2007 à la présidence du groupe PS à l'Assemblée, lui a bien lancé ces attaques. Ce qui ne l'a pas empêché de rester au gouvernement, voyant même sa cote de popularité grimper quand celle des deux têtes de l'exécutif ne cesse de baisser depuis mai 2012.

Au risque de voir son autorité un peu plus écornée, M. Ayrault préfère vanter le travail d'"équipe" et le jeu "collectif". "Ce qui compte pour moi, c'est l'action de mon gouvernement pour le redressement du pays, sous l'autorité du chef de l'Etat", affirme-t-il dans le JDD.

Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg et le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, le 21 janvier 2013 à Saint-Nazaire [Frank Perry / AFP/Archives]
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Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg et le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, le 21 janvier 2013 à Saint-Nazaire
 

Un chef de l'Etat qui n'a jamais cité son Premier ministre en 75 minutes d'interview jeudi soir sur France 2, sans que M. Ayrault veuille y voir malice. "J'ai été associé étroitement à la préparation de cette émission", souligne-t-il. "Je me sens totalement solidaire et totalement associé à ce qu'il fait".

Selon lui, "jeudi soir, les Français attendaient le président et il a voulu affirmer de manière très forte qu'il était bien à la barre". "Nous savons où nous allons. Avec le président, on marche main dans la main", assure l'ancien maire de Nantes.

Même tonalité dans l'entourage du chef de l'Etat où l'on ne pense pas que cet oubli ait été "délibéré". "Cela traduit simplement le fait qu'il (M. Hollande) était lui très présent, très concerné", explique un proche du Président.

"De toutes les façons, on vit dans un système où la personnalisation et la cristallisation des attentes sur le Président est très forte désormais", relève-t-on de même source. Au risque d'occulter définitivement l'action du Premier ministre qui a pourtant porté des chantiers d'envergure comme le pacte de compétitivité, le Grand Paris ou, à partir de mardi, le "choc de simplification" administrative avec de premières mesures dévoilées à Matignon.

"Ce qu'on attend de Jean-Marc Ayrault, c'est qu'il dégage de la force", résume auprès de l'AFP un des chefs de file de la majorité qui ajoute: "C'est quelqu'un qui doit dire les choses clairement et avoir une équipe dans laquelle il n'y ait aucun problème de cohérence".

Après un discours plutôt bien accueilli par les députés PS lors du débat sur la motion de censure, M. Ayrault, qui s'assume dans le JDD en "Premier ministre socialiste" quand M. Hollande a dit jeudi qu'il n'était "pas un président socialiste" mais celui "des Français", devrait profiter d'une émission à venir en avril, selon son entourage, pour tenter de répondre à ces attentes.

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