Une stèle en mémoire des victimes de l'explosion de l'usine AZF à Toulouse a été cassée et un autre monument endommagé, s'est ému vendredi le responsable d'une association d'anciens salariés qui, avec plusieurs témoins, met en cause des gens du voyage et s'indigne de l'état général du site.
La stèle de l'association "Mémoire et Solidarité" (M et S), érigée dès 2001 sur le lieu de l'explosion, gisait au sol vendredi matin, ses attaches brisées, a constaté un journaliste de l'AFP.
Cette stèle comporte les noms des 21 personnes tuées sur le site lui-même. Au total, l'explosion a tué 31 personnes et fait des milliers de blessés le 21 septembre 2001.
"J'ai perdu de nombreux copains le 21 septembre. On ne s'attend pas à ce que des gens viennent saccager la stèle. Nous sommes choqués", a déclaré à l'AFP Jacques Mignard, président de "M et S" qui a l'intention de porter plainte.
Outre la stèle cassée, l'ensemble du site, qui regroupe trois monuments distincts à environ six kilomètres du centre dans un secteur d'activité économique et de friche près du périphérique, s'apparentait vendredi matin à un dépotoir, des immondices côtoyant de vieilles chaises ou des bonbonnes de gaz abandonnées.
A 50 m de la stèle, le monument de la mairie, inauguré en 2012, a souffert, lui aussi.
Composé de près de 400 mâts en inox disposés en cercles concentriques pour évoquer le cratère creusé par l'explosion, le mémorial est également jonché de détritus. Un des mâts a été peint en rouge, une carcasse de vélo d'enfant est abandonné entre les tubulures métalliques.
Interrogés par l'AFP, plusieurs membres de la communauté des gens du voyage installés dans un campement voisin ont dénoncé les agissements de nomades qui seraient originaires de Hongrie et qui étaient sur les lieux jusqu'à mercredi.
Ils se sont dits révoltés. "Nous, on est de Toulouse. On se rappelle ce qui s'est passé ici. Même si on n'avait aucun emplacement, on se serait jamais mis là-bas" près des monuments, a expliqué à l'AFP, sous couvert de l'anonymat, une femme du campement voisin.
"On a beaucoup de respect pour les morts et je suis dégoûté. Ils nous causent du tort", a pour sa part déclaré Karl, 23 ans, installé lui-aussi dans le campement jouxtant le no man's land qui accueille les trois monuments.
Le maire socialiste Pierre Cohen s'est dit "profondément choqué par cet acte scandaleux; c'est une offense à la mémoire des victimes et à l'ensemble des Toulousains", a-t-il dit selon la municipalité. Celle-ci a dit avoir entrepris de sécuriser les lieux, et a promis de les remettre en état.