Partager les efforts entre retraités, actifs et patronat: c'est le juste équilibre que doivent trouver les partenaires sociaux s'ils veulent réussir à boucler leurs négociations comme prévu ce jeudi pour renflouer les caisses des régimes complémentaires.
Ces négociations, ouvertes en novembre, visent à assainir la situation financière délicate de l'Agirc (retraites complémentaires des cadres du privé) et de l'Arrco (tous les salariés du privé) gérés par les syndicats et le patronat.
Le besoin de financement est estimé entre 6 et 10 milliards d'euros d'ici à 2017.
"La journée peut s'avérer compliquée car la situation des comptes est périlleuse et le contexte économique difficile", a prévenu Jean-Louis Malys, de la CFDT. "Et l'équilibre de l'accord n'est pas encore trouvé", a-t-il ajouté mercredi.
Le patronat suggère de limiter les dépenses en gelant partiellement les pensions des 11 millions de retraités concernés (hors fonctionnaires, commerçants, artisans, agriculteurs, etc.)
Les syndicats eux, réclament une hausse des cotisations, acquittées à la fois par les employeurs et les salariés.
Concrètement, le Medef propose de revaloriser les retraites complémentaires, comme d'habitude au 1er avril, mais moins que l'inflation (hausse des prix -1 point), et ce, pendant cinq ans. Cette durée est jugée trop longue par la plupart des syndicats mais certains seraient toutefois prêts à accepter une baisse de pouvoir d'achat des retraités, si le Medef faisait un geste sur les cotisations.
Celui-ci refuse, estimant que les charges des entreprises sont déjà trop lourdes et que le contexte économique ne leur offre aucune visibilité.
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Quoi qu'il en soit, le gouvernement a laissé entendre qu'il pourrait s'inspirer d'un éventuel accord sur les complémentaires pour sa réforme sur le régime général, qui doit intervenir d'ici à la fin de l'année. Le ministre du Travail Michel Sapin s'est toutefois montré prudent et a plusieurs fois récusé cette semaine tout "parallélisme" entre les deux dossiers.
Non négociable
Une commission pour l'avenir des retraites installée le 27 février par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault doit élaborer des pistes de réforme d'ici à juin, avant une concertation.
L'organisation patronale a semblé faire un pas en direction des syndicats lors d'une précédente réunion, mettant sur la table une hausse du "taux d'appel" à partir de 2015: ce taux entre dans le calcul des cotisations, sans offrir de nouveaux droits aux futurs retraités.
CGT, CFE-CGC, CFTC et FO veulent que la hausse des cotisations se traduise par des droits supplémentaires pour ceux qui cotisent et réclament à l'unanimité une augmentation du "taux contractuel" qui, lui, ouvre des droits.
Les quatre organisations en font un point non négociable.
Seule la CFDT se satisferait de la proposition du Medef mais elle souhaite également que les petites pensions soient épargnées.
Une évolution du patronat sur le taux contractuel paraît seule à même de débloquer la situation. "Nous sommes dans un état d'esprit constructif, il faut qu'on mette tout sur la table, quitte à accepter une hausse des cotisations si ça ouvre des droits", a indiqué mercredi à l'AFP Pascale Coton, de la CFTC.
Mais les tensions apparues au sein de l'organisation patronale ces dernières semaines ne devraient pas faciliter les choses.
"Nous ne pouvons pas accepter une augmentation des cotisations sur aucun régime de prestations sociales", avait martelé mi-février la présidente du Medef Laurence Parisot, qui a depuis officialisé sa future candidature à la tête du patronat.