L’alcoolisme n’est pas le seul mal lié à la boisson. Le fléau prend des formes diverses, dans un pays où la consommation reste forte.
L’alcool fait des ravages, à en croire l’étude de l’Institut Gustave-Roussy, dévoilée hier. Sa consommation en France a été responsable de 49 000 décès en 2009, dont 40 % survenus avant l’âge de 65 ans. Au final, elle entraîne la mort d’un homme sur sept et d’une femme sur vingt. Chez les jeunes, les chiffres sont encore plus alarmants, puisqu’une personne de moins de 34 ans sur quatre meurt à cause de l’alcool.
Une hécatombe aux multiples visages car les conséquences directes ou indirectes de la boisson sont nombreuses. Elle ne touche d’ailleurs pas que les alcooliques mais aussi ceux qui boivent un peu mais régulièrement ou bien encore les fêtards d’un soir.
Maladies, suicides, accidents…
Les dégâts les plus lourds touchent directement l’organisme, via les cancers de la bouche, du pharynx, du foie ou du sein. Selon l’étude, ils tuent 15 000 personnes par an. Suivent les maladies cardio-vasculaires, qui entraînent 12 000 morts annuellement. Et s’y ajoutent les 8 000 décès consécutifs à des maladies digestives, telles que la cirrhose.
Les conséquences ne s’arrêtent pas là. «Il faut aussi prendre en compte les fortes alcoolisations épisodiques, les états d’ivresse», explique ainsi le docteur Marc Valleur, expert en addictologie. La boisson est par exemple impliquée dans un accident mortel sur trois, selon la Sécurité routière, et a entraîné la mort de 1 150 personnes en 2011. Altérant la motricité et le jugement, la boisson peut également entraîner des accidents du travail ou des comportements violents amenant à des rixes mortelles. Les adolescents sont particulièrement exposés à cette mortalité méconnue.
L’alcool est également impliqué dans la moitié de leurs suicides, et peut les pousser à d’autres comportements à risque, comme ne pas se protéger sexuellement, selon l’Inpes. Dans les cas les plus graves, le coma éthylique peut entraîner la mort. La faute au «binge drinking» ou biture expresse, cette tendance qui les pousse à boire un maximum en un minimum de temps.
Une routine à casser
Les fabricants sont très attentifs face à ces dérives, même si dans les faits, les Français boivent deux fois moins qu’il y a cinquante ans, soit aujourd’hui 27 g d’alcool pur, l’équivalent de 2,7 verres. Chez Pernod Ricard, on prône avant tout une consommation modérée. Idem du côté de Heineken, qui souhaite «des consommateurs responsables». La firme participe notamment à la diffusion du programme «2.3.4.0», à savoir ne pas dépasser 2 verres d’alcool par jour pour une femme, 3 verres pour un homme, 4 verres pour une soirée exceptionnelle, et 0 au moins une journée par semaine.
Les autorités sanitaires, dont l’OMS, font les mêmes préconisations car au-delà, la consommation est considérée «à risque» et peut devenir incontrôlable. «L’alcoolique perd la liberté de s’abstenir», explique le docteur Marc Valleur. Il incite donc les buveurs, pour prévenir un tel état, à «casser leurs habitudes» en faisant notamment des repas sans alcool. Car, rappelle-t-il, «c’est une drogue».
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