La garde à vue de sept hommes interpellés mercredi dans l'Aisne dans le cadre de l'affaire Elodie Kulik, une directrice d'agence bancaire violée et tuée en 2002 dans la Somme, a été prolongée a indiqué en début de soirée le parquet d'Amiens, qui veut savoir s'ils "ont des éléments à apporter" dans l'enquête.
"S'ils sont là, ce n'est pas par hasard, mais l'état des investigations nécessite qu'il y ait des vérifications de faites", a indiqué de son côté une source proche du dossier, interrogée sur la possible présence, parmi les personnes interpellées, de suspects.
Arrêtés mercredi matin, les sept hommes, âgés de 28 à 45 ans, font partie de l'entourage du principal auteur présumé, identifié dix ans après le drame alors qu'il est décédé quelques mois seulement après la mort d'Elodie Kulik, a indiqué le parquet d'Amiens, confirmant une information du Courrier Picard.
La justice multiplie ainsi les auditions depuis qu'il y a un an jour pour jour, l'enquête avait connu un rebondissement spectaculaire avec l'identification de cette personne, rendue possible par une nouvelle technique de reconnaissance ADN, utilisée pour la première fois en France.
Mi-décembre, l'ancienne compagne du principal suspect avait été placée en garde à vue puis laissée libre, la présence de son ADN retrouvé sur la scène de crime n'étant pas jugée suffisante pour la retenir. Elle avait contesté toute implication dans l'affaire.
Auparavant, dès le 12 avril, quatre hommes avaient été entendus en qualité de témoins puis remis en liberté. Deux d'entre eux étaient originaires de l'Aisne, département d'où était originaire le principal suspect et où il a été inhumé, et deux autres venaient des Bouches-du-Rhône. Ces hommes faisaient partie de l'entourage du défunt. Des auditions de témoins avaient eu lieu dès janvier 2012.
"On suit ça avec intérêt, impatience, voire angoisse pour Monsieur Kulik", a observé Me Didier Robiquet, avocat du père d'Elodie. "C'est l'environnement proche qui est entendu et confronté".
"Cette fois-ci j'ai bon espoir, même si j'ai par le passé déjà été déçu", a confié Jacky Kulik, le père de la victime. Lui-même connaissait certains membres de l'entourage du principal suspect et "s'attendai(t) à ce qu'ils soient placés en garde à vue". "J'espère que cela va enfin déboucher sur les coupables, qu'enfin on va démasquer les complices (du principal suspect), qu'on les amènera au tribunal. C'est là où je les attends. C'est là où je leur donne rendez-vous", a déclaré M. Kulik.
Elodie Kulik, 24 ans, avait été violée puis étouffée en janvier 2002. Son corps avait été retrouvé en partie calciné dans un champ à Tertry (Somme).
Un préservatif et un mégot avaient été retrouvés près du corps de la victime, permettant le relevé de deux empreintes ADN. Malgré plusieurs milliers d'expertises ADN, les enquêteurs n'avaient à l'époque pas réussi à identifier un suspect.
Fin janvier 2012, le principal suspect, mort dans un accident de voiture quelques mois après le meurtre, a été définitivement identifié après l'exhumation de sa dépouille, grâce à une méthode par recoupement d'ADN.
Les enquêteurs ont par ce biais pu faire un rapprochement entre son ADN et celui d'un autre homme, son père, qui se trouvait alors en prison pour une affaire d'agression sexuelle et était au fichier national des empreintes génétiques (FNAEG).
Avant d'être tuée, la jeune femme avait eu le temps d'appeler avec son téléphone portable les sapeurs-pompiers, qui avaient distingué derrière la voix de la victime au moins deux voix d'hommes avec un fort accent picard.
Selon Jacky Kulik, la garde à vue de l'ex-compagne du principal suspect "a dû apporter des éléments complémentaires" qui ont pu mener aux arrestations de mercredi, "même si elle n'a rien dévoilé".