Des sans-papiers en grève de la faim qui occupaient depuis vendredi en fin d'après-midi une église du centre de Lille ont été évacués dans le calme par la police durant la soirée.
"Environ 70 personnes ont été évacuées dans le calme, à la demande de l'évêché", a indiqué une porte-parole de la préfecture.
L'évacuation des sans-papiers, qui s'étaient installés vers 17H15 à l'église Saint-Maurice, a commencé peu après 22H00 et s'est achevée un peu plus d'une heure plus tard, a constaté une journaliste de l'AFP.
Selon le Comité des sans-papiers (CSP 59), huit grévistes de la faim ont été emmenés par la police, ce que la préfecture n'était pas en mesure de confirmer.
Après l'évacuation, les sans-papiers se sont dans un premier temps couchés le long de l'église, alors qu'une cinquantaine de manifestants faisant face à un cordon policier réclamaient leur régularisation. "Solidarité avec les sans-papiers" ou "Pouvoir assassin", ont-ils scandé, rassemblées derrière une banderole "Faut-il mourir pour avoir des papiers?".
Les grévistes de la faim et leurs soutiens se sont ensuite dirigés vers le parvis de l'église, emmitouflés de couvertures. Après consultation, "70 ont décidé de passer la nuit sur place et quatre d'être emmenés à l'hôpital", a déclaré le porte-parole du CSP 59, Roland Diagne.
"Je veux continuer la grève de la faim. Je veux des papiers ou crever. Je n'ai pas le choix", a expliqué Bouzad, 35 ans, blotti sous un duvet. Comme les autres sans-papiers, il dit avoir commencé sa grève de la faim depuis le 2 novembre.
Selon le diocèse de Lille, les sans-papiers qui avaient investi l'église Saint-Maurice sont pour la plupart Algériens.
Une médiation avec le curé de la paroisse et le prêtre officiant dans l'église n'avait pas abouti, a-t-on précisé de même source.
Cette occupation intervenait plus de deux semaines après l'évacuation, le 4 décembre, de sans-papiers qui occupaient un temple protestant de Lille depuis plus d'une semaine.
La préfecture, qui a appelé vendredi soir les grévistes de la faim à "se réalimenter", avait accepté le dépôt par le CSP d'une liste de dossiers qui font l'objet d'un "examen individuel au cas par cas", à la lumière de la circulaire du ministre de l'Intérieur du 28 novembre 2012 relative aux demandes d'admission au séjour des ressortissants étrangers en situation irrégulière.
A l'issue d'une réunion avec une délégation du CSP 59 et de la Ligue des droits de l'homme mercredi, la préfecture avait indiqué que neuf des 161 personnes dont la situation a été examinée devraient pouvoir bénéficier d'une régularisation et que 44 étaient "susceptibles" de satisfaire aux critères de régularisation.
"53 régularisables ne signifie pas régularisés", a dénoncé vendredi soir Roland Diagne lors d'un discours improvisé devant l'église.
Selon la préfecture, une nouvelle rencontre avec des représentants des sans-papiers est prévue début janvier.