Patronat et syndicats ont repris jeudi leurs discussions sur la réforme du marché du travail, les syndicats se montrant de plus en plus pessimiste quant à la possibilité de conclure dans la soirée, en raison notamment du refus réitéré du Medef de taxer les contrats courts.
Après une matinée consacrée par les syndicats, chacun de leur côté, au décryptage du nouveau projet patronal, légèrement remanié, les organisations de salariés se sont montrées plus que réservées quant à une conclusion avant la fin de l'année, comme souhaité par François Hollande.
"J'y crois de moins en moins", a lancé Stéphane Lardy (FO), qui estime qu'"on se fout du monde" et que "tout cloche" dans le projet du Medef.
Amorcées le 4 octobre, les discussions visent à parvenir à un compromis entre une meilleure sécurisation pour les salariés et plus de flexibilité pour les entreprises.
Sur l'hypothèse d'une séance supplémentaire en janvier, le négociateur de FO juge que "ce n'est pas une question d'un jour de plus, mais une question d'avancées", espérant "que la période des fêtes permettra au patronat de revenir un peu sur terre".
Pour la CFE-CGC, "on est encore loin du compte, loin d'un texte qui serait un vrai accord, un vrai équilibre", Marie-Françoise Leflon.
A son arrivée jeudi matin, Patrick Pierron (CFDT) a répété que "la balle était désormais dans le camp du patronat", martelant, comme la CFTC, que la taxation des contrats courts restait "incontournable".
La CGT, dont la signature semble d'ores et déjà compromise, se dit toutefois toujours "prête à négocier", "mais il faudrait que le patronat consente que son angle d'entrée dans cette négociation n'est pas le bon", selon Agnès Le Bot.
Interrogé sur l'issue de la négociation, le ministre du Travail Michel Sapin a estimé sur Canal+ que "beaucoup de conditions (sont) réunies pour que ça réussisse".
Temps partiel: un seuil à 24 heures par semaine
Le nouvelle mouture du texte patronal, remise jeudi matin, comprend quelques évolutions. Il ne propose notamment plus explicitement de revoir la règle du "un jour cotisé-un jour indemnisé" en échange de la mise en oeuvre de droits rechargeables à l'assurance-chômage, qui permettent aux demandeurs d'emploi de ne plus perdre leurs reliquats de droits.
Il préconise également de fixer une durée minimale hebdomadaire pour le temps partiel à 24 heures, excluant les particuliers employeurs et les salariés de moins de 26 ans.
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Le patronat renonce aussi à un chapitre polémique sur les lettres de licenciement.
Concernant des contestations de licenciement pour motif économique devant la justice, le Medef, qui voulait réduire les délais de prescription de 5 à 1 an, consent à faire passer le curseur à 18 mois.
La grande absente reste toujours la modulation des cotisations d'assurance-chômage pour décourager le recours aux contrats courts (CDD, intérim), qui figure dans la feuille de route confiée par le gouvernement aux partenaires sociaux et parmi les engagements du candidats Hollande.
Quatre des cinq syndicats (CGT, CFDT, CFTC et FO) en font toujours un impératif. Pour être validé, l'accord ne doit pas rencontrer plus de deux oppositions dans leur camp.
Mercredi soir, le négociateur du Medef était resté inflexible: cette idée "pernicieuse" risquerait "encore de plomber l'économie", avait déclaré Patrick Bernasconi.
Sur fond d'explosion du chômage, après les emplois d'avenir, le contrat de génération et le crédit d'impôt compétitivité (CICE), cette négociation est le quatrième front ouvert par le gouvernement dans sa "bataille pour l'emploi".