L'ex-patron du groupe pétrolier Elf Loïk Le Floch-Prigent, détenu à Lomé pour une affaire d'escroquerie, est "tout près de mourir", a affirmé mercredi son épouse, appelant le gouvernement français à obtenir d'urgence des autorités togolaises une évacuation sanitaire.
"Aujourd'hui, il est tout près de mourir. Des médecins ont pu l'examiner, effrayés de voir dans quel état il est. Bientôt, il sera trop tard", écrit Marlène Le Floch-Prigent, dans une lettre déposée mardi à la présidence française, et rendue publique mercredi par la radio française RTL.
"Monsieur le Président, faites quelque chose pendant qu'il est encore temps. Vous seul pouvez convaincre le Togo qu'un homme mort ne peut pas être jugé", poursuit-elle.
M. Le Floch-Prigent est détenu depuis le 15 septembre à Lomé où il a été inculpé de complicité d'escroquerie. Il avait été arrêté la veille à Abidjan puis transféré au Togo. Il est soupçonné d'être "le chef d'orchestre" d'une escroquerie internationale portant sur une très forte somme.
Un homme d'affaires émirati, Abbas El Youssef a porté plainte contre un homme d'affaires togolais, Bertin Sow Agba, l'accusant d'avoir organisé un réseau, avec la complicité de M. Le Floch-Prigent, pour lui soutirer 48 millions de dollars.
L'ex-patron d'Elf, âgé de 69 ans, souffre en particulier de psoriasis et aurait dû subir fin septembre une intervention chirurgicale en France.
A Paris, le ministère des Affaires étrangères a réagi à l'appel de l'épouse de M. Le Floch-Prigent et réaffirmé sa volonté de le faire évacuer vers la France.
"Nous entendons bien sûr cet appel et sommes en contact avec Mme Le Floch-Prigent", a déclaré Philippe Lalliot, porte-parole du Quai d'Orsay, lors d'un point-presse.
"Nous réitérons donc l'appel que nous avons lancé aux autorités togolaises depuis maintenant plusieurs semaines : M. Le Floch-Prigent doit pouvoir bénéficier d'une évacuation sanitaire lui permettant de subir en France une opération, dès lors qu'elle n'est pas possible sur place", a ajouté le porte-parole.
Le 5 octobre, Paris avait déjà demandé à Lomé l'évacuation sanitaire. "Comme les autorités françaises à Paris, (l'ambassadeur de France au Togo) est totalement mobilisé et a des contacts très fréquents avec les autorités togolaises sur ce sujet", a rappelé M. Lalliot.
A Lomé, le ministre togolais de la Justice, Tchitao Tchalim, joint par l'AFP, a simplement indiqué que les autorités de son pays formuleraient une réponse à la requête de Paris, sans plus de détails.
M. Le Floch Prigent "garde le lit toute la journée parce qu'il ne peut plus tenir assis longtemps", a expliqué à l'AFP son avocat togolais Rustico Lawson Bankou, qui lui rend visite plusieurs fois par semaine.
"Il ne peut plus marcher", a-t-il ajouté. "Il y a urgence parce qu'il peut perdre sa jambe ou y laisser sa vie, il n'en peut plus".
La justice togolaise, qui a d'abord exigé une caution de neuf millions de dollars pour la libération de M. Le Floch-Prigent, a ensuite fixé la somme à six millions de dollars, fin novembre, selon Me Lawson Bankou, un montant toujours considéré comme trop élevé par la défense qui a décidé de se pourvoir en cassation.
"Notre dossier de pourvoi en cassation, qui a été remis le 26 novembre, n'a toujours pas été transmis à la Cour Suprême". Même s'il était transmis maintenant, il faudrait au minimum un délai d'un mois et demi pour obtenir une nouvelle décision de justice permettant le rapatriement de M. Le Floch Prigent, explique l'avocat.
"S'il y a une volonté politique (de la part des autorités togolaises), il pourra partir", conclut-il.