Un véritable paradoxe. Alors que la délinquance est en baisse, le sentiment d’insécurité des Français n’a jamais été aussi fort. Christophe Soullez, chef de département à l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), nous explique pourquoi.
Premier constat positif, la délinquance baisse….
Les chiffres sont effectivement globalement plutôt en baisse en 2011, d’après les déclarations des victimes. C’est une sorte de stabilité qui vient mettre un terme à une période de hausse.
Comment expliquer alors que le sentiment d’insécurité en France n’a jamais été aussi important (16,3% de la population de plus de 14 ans) ?
Il y a plusieurs éléments. Tout d’abord, la hausse des cambriolages, qui touchent beaucoup les gens. On ne parle pas d’un règlement de comptes entre truands, on sait que ça peut arriver à n’importe qui. C’est l’un des actes les plus mal ressenties par les victimes, car on touche à leur intimité, on prend leurs photos, leurs souvenirs. Elles en parlent autour d’elles, ce qui alimente alors les craintes.
Le climat ambiant, difficile, joue-t-il un rôle ?
Oui, la crise fragilise les individus. Leur insécurité économique se reporte dans un sentiment d’insécurité global. Ils sont plus sensibles, ont plus d’incertitudes, ressentent une certaine prédation.
D’autres facteurs sont-ils à citer ?
Il ne faut pas oublier les médias, et la place prise par la délinquance et l’insécurité dans le débat public. On se focalise au cœur d’un fait divers, sans avoir forcément une vue d’ensemble, et cela a son influence.
Mais le sentiment d’insécurité n’est-il pas naturel, en dehors de ces éléments extérieurs ?
Le sentiment d’’insécurité est très subjectif. Les personnes fragiles physiquement, les personnes âgées, ou les femmes, ont davantage tendance à se penser en insécurité. Elles pensent être moins bien protégées.