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Sciences Po : les personnels récusent la désignation d'Hervé Crès

Hervé Crès à Paris, le 31 octobre 2012 [Thomas Samson / AFP/Archives] Hervé Crès à Paris, le 31 octobre 2012 [Thomas Samson / AFP/Archives]

Les personnels de Sciences Po ont récusé mercredi la désignation d'Hervé Crès, qui doit encore être approuvée par François Hollande, à la succession du défunt directeur Richard Descoings, accusant les dirigeants de la prestigieuse école de "gravissimes dysfonctionnements".

Plus d'une centaine de personnes - enseignants, chercheurs, cadres... - représentant tous les personnels de Sciences Po, tous statuts confondus, réunies durant deux heures en assemblée générale, ont voté à l'unanimité (moins une abstention) une résolution, envoyée dans la foulée à la ministre de l'Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, a constaté une journaliste de l'AFP.

"Il est très inhabituel que les personnels de Sciences Po se réunissent en assemblée générale", a dit à l'AFP Karoline Postel-Vinay, chercheur à la Fondation nationale de sciences politiques (FNSP). L'institution emploie plus de 900 salariés.

Contactée, la direction de Sciences Po n'avait pas réagi en début de soirée.

Dans cette résolution, les personnels soulignent qu'ils "ne se sent(ent) pas engagés" par les résultats des votes à la Fondation nationale de sciences politiques (FNSP) et à l'Institut d'études politiques de Paris (IEP) du 29 et 30 octobre, désignant Hervé Crès pour succéder à Richard Descoings, mort brutalement le 3 avril à New York.

"Nous réclamons l'organisation d'une nouvelle procédure de recrutement et d'élection" du prochain directeur de Sciences Po, écrivent-ils.

La crise "inédite" que traverse Sciences Po depuis un an "révèle de profonds et gravissimes dysfonctionnements" du Conseil d'administration de la FNSP, présidé par Jean-Claude Casanova, et du Conseil de direction de l'IEP, présidé par Michel Pébereau, est-il écrit dans la résolution mise en ligne (www.petitionpublique.fr).

"Crédibilité entachée"

Des fuites sur le rapport provisoire de la Cour des Comptes depuis cet été ont mis en lumière des avantages en nature indus ou des frais de déplacement trop élevés. En décembre 2011, Mediapart avait révélé des "superbonus" des dirigeants, dans une école à moitié financée par l'argent public.

"La responsabilité de ces dysfonctionnements incombe en tout premier lieu à leurs présidents respectifs", ajoutent les signataires qui demandent" à MM. Casanova et Pébereau "de se retirer tous deux des conseils qu'ils dirigent, l'un depuis six ans, l'autre depuis 24 ans".

Numéro deux à partir de 2008 et depuis avril administrateur provisoire, M. Crès est apparu comme le candidat de MM. Casanova et Pébereau.

Sa nomination nécessite encore pour être effective le feu vert de Mme Fioraso et du président de la République François Hollande, qui ne prendront pas de décision avant la publication du rapport définitif de la Cour des comptes le 22 novembre.

"Comment est-on passé de quatre candidats à un candidat unique?", "c'est inacceptable qu'une personne qui savait et avait accepté les dysfonctionnements soit élue", "ce qui vient de se passer entache la crédibilité de l'institution"..., ont commenté des participants à l'AG.

Cet été, quatre candidats sur vingt-quatre ont été auditionnés: outre Hervé Crès, Jean-Michel Blanquer, directeur de l'enseignement scolaire à l'Education nationale, le politologue Dominique Reynié (présent à l'assemblée générale) et le diplomate Gilles Andréani.

La disparition brutale de Richard Descoings a placé l'école dans une situation inédite, en l'absence de dauphin habituellement désigné pour assumer la double casquette d'administrateur de la FNSP et de directeur de l'IEP.

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