Chirurgiens des cliniques et internes des hôpitaux publics, qui se disent déconsidérés par le gouvernement et récusent l'accord sur les dépassements d'honoraires, ont entamé une grève illimitée lundi, entraînant la fermeture de nombreux blocs opératoires.
Une trentaine d'organisations professionnelles ont appelé à la grève, une initiative peu fréquente dans ce secteur, avec des revendications différentes.
Dans les cliniques, les interventions chirurgicales ont le plus souvent été repoussées. Pour les urgences, les patients sont dirigés vers les hôpitaux.
A l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP, 37 établissements), on indiquait que "certains services ont prévu de déprogrammer des activités, notamment des interventions chirurgicales" mais que les urgences seront assurées au besoin par la réquisition de médecins.
L'AP-HP a fait savoir qu'elle ne serait pas en mesure d'évaluer l'ampleur du mouvement avant lundi soir.
La grève des chirurgiens libéraux, à l'initiative du syndicat Le Bloc, touchait lundi 70% des cliniques privées et "la mobilisation est très forte", a indiqué à l'AFP Xavier Gouyou-Beauchamp, l'un des responsables.
En Bretagne, "de 60 à 70% des blocs opératoires sont à l'arrêt", selon l'Union des chirurgiens de France. A Strasbourg, le mouvement est suivi "très massivement", selon le directeur général de trois cliniques de la ville, Guillaume Lohr, qui avance un taux de 95% de grévistes.
Dans la région marseillaise en revanche, "le mouvement est peu suivi mais est appelé à prendre de l'ampleur", a déclaré à l'AFP le Dr François Honorat, vice-président du syndicat des anesthésistes libéraux. "Marseille est une ville pauvre et les chirurgiens ne pratiquent pas de dépassement", a-t-il noté.
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En Rhône-Alpes, l'Agence régionale de santé ne notait pas "de blocage majeur".
Une patiente, Carine, venue faire une radio pour sa fille dans une clinique d'Ecully (Rhône), a trouvé portes closes. "Je suis un peu déçue parce que c'était un petit peu urgent, donc j'ai contacté un cabinet de radiologie mais qui ne pourra me prendre qu'à 17h30", a-t-elle dit.
La liberté d'installation pas menacée
A l'origine du mouvement, l'accord encadrant les dépassements d'honoraires, signé le 25 octobre, auquel les grévistes reprochent de ne pas assez prendre en compte les spécificités de certaines spécialités.
"Dans les trois ans qui viennent, le système va arrêter la pratique de la chirurgie libérale" si l'accord s'applique, selon Philippe Cuq, coprésident du Bloc.
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Pour sa part, Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des médecins de France (FMF), a "dénoncé une campagne de quatre mois sur les dépassements d'honoraires alors que le vrai problème est la réorganisation du système de soins et la chute de la démographie médicale".
"C'est un bon accord", martèle de son côté la ministre de la Santé Marisol Touraine.
Dans les hôpitaux, le mouvement des internes et chefs de cliniques porte sur les conditions de travail et la liberté d'installation des futurs médecins.
Plusieurs milliers d'entre eux ont défilé lundi après-midi à Paris, entre Montparnasse et le ministère de la Santé, rejoints par certains chirurgiens et médecins, scandant des slogans hostiles à Marisol Touraine tels que "Marifol sinistre la santé".
Une délégation devait être reçue au ministère.
"Les médecins sont pointés du doigt comme des bandits et des voyous qui profitent de la maladie des gens", dénonçait un jeune interne en ORL de Marseille.
Pour les rassurer, Mme Touraine répète que le gouvernement "n'a pas la moindre intention de remettre en cause la liberté d'installation des médecins".
Les grévistes ont reçu le soutien du candidat à la présidence de l'UMP Jean-François Copé, qui a accusé le gouvernement d'avoir recours à la bonne vieille technique des boucs émissaires".