Vilipendés sur le net pour leur opposition au mariage homosexuel, critiqués par la gauche et les associations, les évêques de France disent refuser de se laisser entraîner par les catholiques intégristes qui appellent à descendre dans la rue.
"Il n'y a pas que les manifestations de rue pour réagir", a estimé le cardinal André Vingt-Trois, interrogé à ce sujet.
"Nous continuons d'appeler les chrétiens et tous ceux qui partagent notre analyse et nos questions, à saisir leurs élus en leur écrivant des lettres personnelles, en les rencontrant et en leur exprimant leurs convictions", a-t-il recommandé.
Les évêques de France, réunis à Lourdes pour leur assemblée plénière jusqu'à jeudi, assurent qu'ils "refuseront toute récupération", selon Mgr Bernard Podvin, porte-parole d'un épiscopat, cible de tombereaux d'insultes sur les réseaux sociaux et d'une couverture très provocante à la une de l'hebdomadaire Charlie Hebdo.
Interrogé par l'AFP sur ce déferlement de réactions, André Vingt-Trois, célèbre pour son ton impavide et ses pointes caustiques, a répondu: "Je ne les regarde pas. Il semble qu'elles ne reflètent pas ce qu'il y a de meilleur chez ceux qui les prononcent".
Le président de la Conférence des évêques de France a soulevé une tempête samedi, en affirmant qu'"une vision de l'être humain sans reconnaître la différence sexuelle serait une supercherie qui ébranlerait un des fondements de notre société et instaurerait une discrimination entre les enfants".
Il s'est élevé dans son discours d'ouverture de l'assemblée, réunie jusqu'au 8 novembre, contre "la pression ostentatoire de quelques lobbies" défendant le projet qui sera présenté mercredi en Conseil des ministres. "Ce ne serait pas le "mariage pour tous", ce serait le mariage de quelques-uns imposé à tous".
Le choix de la modération
Pour autant Mgr Vingt-Trois, s'est refusé jusqu'à présent à appeler à descendre dans la rue, "sans vouloir décourager ceux qui veulent le faire", la grande majorité des évêques voulant éviter dérapages et récupération, notamment des jeunes, par les catholiques intégristes
Ces derniers organisent, le dimanche 18 à l'instigation de l'Institut Civitas, groupe d'agit-prop proche de l'extrême droite et des Lefebvristes, le cardinal a répondu: "Il y a d'autres propositions de manifestation pour le 17".
L'opportunité d'une manifestation, selon une source proche de l'épiscopat, "a fait l'objet d'un débat à huis clos assez vif, la grande majorité des évêques s'y opposant, contre une douzaine environ ont l'intention de s'affranchir de la discipline générale".
"Le cardinal-archevêque de Lyon Philippe Barbarin, l'évêque de Toulon-Fréjus Dominique Rey, et quelques autres font partie d'un courant minoritaire qui veulent soutenir les chrétiens y compris dans la rue", a précisé cette source qui souhaite rester anonyme.
Ainsi, l'évêque de Toulon-Fréjus, Mgr Dominique Rey, qui revendique 100.000 signatures sur une pétition en ligne, a indiqué à l'AFP qu'il participerait, le 17, à la manifestation organisée par l'association Alliance Vita, l'un des principaux mouvements de défense "pro-vie", qui était déjà intervenue le 23 octobre en 75 points différents.
"Pour le 17, a déclaré à l'AFP, Ségolène du Closel, responsable de la communication d'Alliance Vita, nous mettons l'enfant et son besoin d'être élevé par un père et une mère au coeur de notre action. Nous prévoyons des manifestations dans 8 villes.
De son côté, Alain Escada, secrétaire général de l'Institut Civitas, proche des catholiques intégristes, a affirmé mardi à l'AFP: "Nous en sommes à 40 villes à partir desquelles partiront des cars pour la manifestation du 18 novembre".
Une manifestation à laquelle les évêques de France, qui se situent aux antipodes des lefebvristes hostiles au Vatican, redoutent d'être associés.