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Sciences Po : Crès choisi pour succéder à Descoings, l'Etat doit avaliser

La cour de Sciences Po lors d'un hommage à l'ancien directeur Richard Descoings [Bertrand Langlois / AFP/Archives] La cour de Sciences Po lors d'un hommage à l'ancien directeur Richard Descoings [Bertrand Langlois / AFP/Archives]

Hervé Crès, 45 ans, a été élu mardi par le Conseil de direction de l'IEP de Paris pour succéder au défunt directeur de Sciences Po Richard Descoings, trois semaines avant la publication du rapport d'enquête de la Cour des comptes sur des dysfonctionnements sous son règne.

Numéro deux depuis 2008 et administrateur provisoire depuis avril, M. Crès a été désigné après un débat houleux avec 13 voix, 14 votes blancs ou nuls, un vote contre et un qui ne s'est pas exprimé, sur 29 voix, a indiqué à l'AFP Arnaud Bontemps, vice-président étudiant (Unef) du Comité de direction de l'IEP.

Il avait été élu lundi par le Conseil d'administration de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP), près de sept mois après la disparition brutale et sans dauphin de Richard Descoings. Traditionnellement, la même personne assure les deux fonctions.

Le nom d'Hervé Crès sera proposé par le conseil de la FNSP à la ministre de l'Enseignement supérieur Geneviève Fioraso et par le conseil de l'IEP au président de la République, qui nomme le président de l'IEP par décret pour cinq ans, a indiqué Sciences Po dans un communiqué.

Mais l'exécutif attendra la publication le 22 novembre du rapport définitif de la Cour des comptes, qui a enquêté sur la gestion sous l'ère Descoings entre 2005 et 2010.

Des fuites du rapport provisoire depuis cet été ont pointé des avantages en nature indus ou des frais de déplacements trop élevés.

Auparavant, des révélations de Mediapart sur des "superbonus" des dirigeants, dans une école à moitié financée par l'argent public, avait terni l'image du charismatique directeur depuis 1996, qui affichait à son actif une ouverture sociale et un rayonnement à l'international.

Conjuguer cultures scientifique et humaniste

Sa rémunération brute annuelle avait culminé à 537.246,75 euros en 2010, selon Le Monde citant des extraits du rapport provisoire.

Mme Fioraso réclame notamment une "traçabilité" des 62 millions d'euros versés par l'Etat chaque année.

"La décision de nommer Hervé Crès est sans surprise. La cosmétique de concertation autour de la procédure de désignation ne suffit pas à cacher (son) verrouillage", déplore l'Unef, réclamant "des réformes démocratiques".

Hervé Crès était considéré comme le candidat des deux présidents des conseils de Sciences Po, Jean-Claude Casanova et Michel Pébereau.

Une première liste de 24 candidats est restée secrète. Quatre d'entre eux ont été auditionnés en juillet: outre Hervé Crès, Jean-Michel Blanquer, directeur de l'enseignement scolaire à l'Education nationale et président de l'Institut des Amériques, le politologue Dominique Reynié, et le diplomate Gilles Andréani, magistrat à la Cour des comptes.

Le candidat de dernière minute Hervé Fradet, prof de philosophie, avait dénoncé lundi "un coup de force".

Dans son projet pour Sciences Po à l'appui de sa candidature, Hervé Crès estime qu'il faut rester "innovant et créatif". Il souligne la nécessité de "développer des ressources", citant la formation et la levée de fonds auprès des particuliers et entreprises.

Docteur en mathématiques appliquées et en économie, il préconise des enseignements "conjuguant les cultures scientifique et humaniste" et une offre de formation "tournée vers les puissances de l'avenir", sud-américaines et asiatiques.

M. Crès, qui a enseigné dans plusieurs universités étrangères, souhaite aussi "la création d'un collège universitaire unifié sur sept campus internationaux". Il vise 30% d'étudiants boursiers et 50% d'étrangers.

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