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Rhône : le père d'un bébé secoué aux assises

La balance de la justice [Thomas Coex / AFP/Archives] La balance de la justice [Thomas Coex / AFP/Archives]

La violence et l'emprise sur personnes vulnérables ont été au centre du procès, lundi devant les assises du Rhône, d'un homme jugé pour avoir secoué le bébé de sa compagne, devenu infirme et aveugle, et dissuadé la jeune femme déficiente mentale de le conduire aux urgences.

"J'ai protégé mon fils comme je pouvais mais je n'ai pas pu faire plus car j'avais peur de Laurent", a déclaré, au premier jour du procès, cette petite femme de 27 ans, placée sous curatelle renforcée, car ayant l'âge mental d'un enfant de 8 à 10 ans.

Laurent Thoret, 30 ans, déjà condamné, dont deux fois pour des violences à l'égard de personnes vulnérables, comparait pour "violence suivie de mutilation ou infirmité permanente sur un mineur de 15 ans par un ascendant". Il encourt 20 ans de réclusion criminelle.

Trois jours durant, en janvier 2011, il dissuadera cette mère d'aller aux urgences, alors que le bébé convulsait à leur domicile de Vénissieux (Rhône).

Partie civile, la jeune femme, en pleurs, a expliqué à la cour comment, alors qu'elle était enceinte de quatre mois, elle avait rencontré l'accusé qui avait voulu reconnaître Djason, né le 16 septembre 2010.

"Je me sentais en sécurité avec lui", a-t-elle dit, reconnaissant toutefois "avoir eu un peur de lui, car il l'avait giflée quand elle était enceinte".

L'accusé, qui admet boire jusqu'à dix litres de bière par jour, recommencera après la naissance, à la "frapper violemment, jusqu'à l'étrangler à ne plus pouvoir respirer" parce qu'elle refusait "de faire tout de suite ce qu'il voulait".

Elle déclare aussi avoir eu "peur plusieurs fois, quand il faisait sauter en l'air le bébé", âgé d'à peine deux mois, en le "rattrapant par les aisselles", lorsqu'il pleurait ou parce qu'il "avait le hoquet".

"Je lui ai dit d'arrêter des millions de fois, mais il m'a dit +c'est pas mon premier bébé, je sais ce que je dois faire", a-t-elle relaté, expliquant aussi comment l'accusé tentait à chaque fois d'échapper au suivi médico-social de la Protection maternelle et infantile (PMI).

Le 4 novembre 2010, le service de l'enfance de Vénissieux avait adressé un signalement en urgence au parquet des mineurs de Lyon pour l'alerter sur l'état du nourrisson: lors d'une consultation à la PMI, le pédiatre avait constaté des lésions sur le ventre, ainsi que d'autres traces de violences sur les poignets.

Le 25 janvier 2011, Djason, quatre mois, se retrouvait hospitalisé avec notamment un traumatisme crânien et un oedème cérébral, entraînant des lésions neuro-cognitives définitives, et notamment la cécité.

Tour à tour narquois ou agressif, Laurent Thoret, s'est présenté comme "la tête du Turc" de sa mère et de son père adoptif qui le battaient dans son enfance avant de le mettre dehors à 16 ans.

Pour les experts, "son invalidité psychique le conforte dans la position de victime", mais il "n'a pas accès à la souffrance des autres".

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