Les critiques pleuvent après la vague récente de tweets antisémites. Habitué du scandale, le réseau est-il devenu une zone de non-droit ?
Il y a l’inquiétante vague antisémite qui a envahi Twitter ces derniers jours. Ou encore Mathieu Kassovitz traitant Nadine Morano de «c...e». Il y a aussi les insultes qui se multiplient dans les tweets, sans la moindre modération. Autant de dérapages racistes, diffamatoires, homophobes ou injurieux qui jettent aujourd’hui le trouble sur le contenu de Twitter.
Alors que le site a annoncé ce jeudi avoir bloqué le compte d’un groupe néo-nazi en Allemagne, une première, les associations juives se sont entretenues avec les responsables de Twitter pour les forcer à agir concernant le fameux hashtag #unbonjuif. Faute de réponses satisfaisantes, lUEJF a décidé d'engager vendredi un référé à Paris pour contraindre Twitter à retirer des tweets antisémites qui se sont multipliés depuis le 10 octobre sous le hashtag (mot-clé) #unbonjuif.
Le tweet est public
Car l’inquiétude est là : le site de microblogging est-il aujourd’hui une zone de non-droit où tout, et surtout n’importe quoi, peut être dit ?
Non, répondent en chœur les spécialistes du droit. «Alors que le SMS est à caractère privé, le tweet, lui, relève de la communication publique», explique Gérard Haas, avocat spécialiste de la propriété intellectuelle et des nouvelles technologies.
Autrement dit, l’internaute est le premier responsable des propos qu’il divulgue sur son compte, et se place ainsi sous le coup de la même loi qui régit les écrits des organes de presse. Injures, diffamations et propos racistes sont ainsi répréhensibles. Le contrevenant risque jusqu’à un an de prison et 45 000 euros d’amende.
Problème, l’action en justice est aujourd’hui «un parcours du combattant» selon Maître Haas, entre le depôt de plainte, l’identification des propos et de leur auteur, la plupart du temps un anonyme de la Toile caché derrière une adresse IP, parfois difficile à tracer.
Une complexité qui décourage les personnages publics, pourtant cibles privilégiées des attaques. «Face à un journal, on est sûr d’avoir un procès, note Maître Richard Malka, avocat spécialiste du droit de la presse. Mais avec Twitter, ils font face à 100 000 personnes. Ils y passeraient leur vie, et n’ont d’autre choix que de baisser les bras».
Quelle liberté d’expression ?
Du côte de Twitter, on la joue profil bas. Sa philosophie, assumée, est celle de la liberté d’expression. «Nous ne voulons pas bloquer de contenus», assurait hier via son propre compte Alex Macgillivray, le conseiller juridique du site. Les conditions d’utilisation sont claires : affirmant ne pas être «en mesure de surveiller les contenus postés», Twitter ne censure pas ses plus de 500 millions de twittos , les laissant face à leurs responsabilités.
Néanmoins, quelques règles existent, comme l’interdiction d’usurper l’identité d’un tiers ou de proférer des menaces. Une liste sur laquelle racisme et diffamation ne sont pas mentionnés.
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