L'ancien député socialiste et maire de Liévin (Pas-de-Calais) Jean-Pierre Kucheida a été placé en garde à vue mercredi à Douai (Nord) ainsi que sa fille Marie dans le cadre d'une enquête pour "abus de biens sociaux" auprès d'un bailleur social, la Soginorpa, quand il en était président.
Parallèlement, trois perquisitions se sont déroulées au siège de la Soginorpa, à la mairie de Liévin et au domicile de sa fille Marie, chargée de mission au conseil régional du Nord/Pas-de-Calais et qui est, quant à elle, soupçonnée de "recel d'abus de biens sociaux".
Convoqué par la police judiciaire de Lille, M. Kucheida est arrivé peu avant 09H00 au commissariat de Douai. S'adressant aux journalistes présents, il s'est dit "très heureux que vous soyez aussi nombreux à la rencontre d'un défenseur du bassin minier depuis 42 ans".
Les enquêteurs de la PJ interrogeaient M. Kucheida sur son utilisation présumée à des fins personnelles de la carte bleue de la Soginorpa, un bailleur social qui gère quelque 62.000 anciens logements miniers.
L'ex-député est soupçonné d'avoir réglé avec cette carte des notes dans de grands restaurants, des factures de parking dans les aéroports et des déplacements à l'étranger.
Les dépenses litigieuses s'élèvent à 47.000 euros, sommes déjà remboursées et "justifiées" selon le maire de Liévin.
"A chaque fois que j'ai fait des cartes bleues, je les ai faites dans l'intérêt de la société (...). Qu'on me laisse m'expliquer. Qu'on ne me condamne pas avant que j'ai pu donner les différentes explications", avait déclaré mardi soir à l'AFP M. Kucheida.
"J'ai des preuves et je n'ai pas de reproches à me faire, je m'expliquerai devant ceux qui sont là si les choses se font dans le bon sens. Je suis prêt à répondre à toutes les questions", avait-il ajouté.
Le parquet de Douai avait ouvert en mars une enquête préliminaire pour "abus de biens sociaux", à la suite d'une dénonciation des commissaires aux comptes de la Soginorpa le mois précédent.
Deux cadres de la Soginorpa avaient été auditionnés en mai au siège du bailleur social, à Douai, par les enquêteurs de la division économique et financière de la PJ de Lille.
Jean-Pierre Kucheida avait quitté à la fin juin - peu après la perte de son siège de député - la présidence de la Soginorpa, une société par actions simplifiée (SAS) filiale de l'Epinorpa, un établissement public rattaché à la région Nord/Pas-de-Calais, qu'il dirigeait également.
Sa fille Marie, chargée de mission au conseil régional du Nord/Pas-de-Calais depuis 2009, se serait vu reprocher, selon son père, "d'avoir travaillé sur une exposition et un livre (sur les enfants des cités minières, en 2006, ndlr), dans lesquels je n'ai pratiquement jamais été mêlé, sauf au niveau de la décision", a insisté Jean-Pierre Kucheida.
"On est en train de lui faire un procès qui n'a pas lieu d'être (...). Elle travaillait pour une agence qui n'a rien à voir avec la Soginorpa", a-t-il assuré.
Quatre autres enquêtes préliminaires visant M. Kucheida ont été ouvertes par le parquet de Lille à la suite de rapports de la Chambre régionale des comptes (CRC) et de lettres de l'ancien maire d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) Gérard Dalongeville -de son côté mis en examen et révoqué dans une affaire de fausses factures- au sujet d'accusations de financement occulte de la fédération PS du Pas-de-Calais.