L’école est sous tension. Mardi, un professeur roué de coups à Bordeaux. Mercredi, une enseignante frappée près de Poitiers par une mère d’élève. Jeudi, une surveillante poussée et frappée à Marseille. Vendredi, un professeur giflé, de nouveau à Bordeaux. Pas moins de quatre agressions sont venues secouer la semaine dernière le milieu scolaire en pleine rentrée, avec toujours la même cible : le corps enseignant.
Face à cette série préoccupante, les professeurs, démunis, s’inquiètent. Preuve en est : plus de la moitié d’entre eux ont souscrit pour cette année une assurance de la Maif qui les couvre face aux accidents et aux agressions. Et au-delà de leur intégrité physique, ils ont aujourd’hui des bleus à l’âme : «Il ne m’a pas cassé la gueule, mais il m’a brisé le cœur», témoignait le professeur agressé mardi, à propos d’un jeune homme qu’il appréciait pourtant particulièrement.
Pourquoi en est-on arrivé là ? Plus qu’une «véritable augmentation des violences en milieu scolaire», Laurent Tramoni, secrétaire du SNES-FSU à Marseille, constate une «montée de l’incivilité (…) et des attitudes de défi par rapport aux enseignants». Pour Michel Fize, sociologue et auteur de Les bandes (éd. Desclée de Brouwer), elle provient de la dégradation des rapports humains à l’école depuis une trentaine d’années. «Dans les années 1980, explique-t-il, le professeur était encore l’autorité, il représentait le pouvoir. Il pouvait imposer son savoir. Une légitimité qu’il n’a plus aujourd’hui, car l’école est devenue aux yeux des élèves de plus en plus inutile, pouvant entraîner l’échec et l’exclusion.» Les enseignants ne sont par ailleurs pas les seuls à trinquer : d’autres corps de métier au service de la collectivité en font les frais régulièrement.
En attendant les APS
Face aux événements, le ministre de l’Education nationale, Vincent Peillon, a décidé de se montrer ferme. Il a annoncé hier la création «dans les semaines qui viennent» d’un observatoire de la violence scolaire à l’intérieur du ministère. S’y ajoutera l’arrivée, d’ici à la fin de l’année dans les établissements «les plus exposés», des 500 assistants chargés de prévention et de sécurité (APS) promis au début de l’été. Un nouveau métier qui, même s’il viendra garnir les effectifs d’encadrement des élèves, ne convainc pas totalement. Le co-secrétaire général du Snes-FSU, Daniel Robin, estime ainsi qu’«augmenter la sécurité dans les établissements en les transformant en camps retranchés n’est pas une réponse éducative.»
La voie à suivre, selon le sociologue Michel Fize, passe par l’amélioration des relations entre élèves, professeurs et parents grâce à un «surcroît de démocratie». Les études montrent en l’occurrence que les établissements dans lesquels les élèves participent à l’élaboration du règlement intérieur sont par la suite moins exposés aux actes de violence.
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