Denis Allex, l'agent de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), otage en Somalie depuis le 14 juillet 2009 à Mogadiscio d'insurgés islamistes, deviendra lundi l'otage français qui aura connu la détention la plus longue après Ingrid Betancourt.
La Franco-Colombienne détient, de loin, ce triste record, ayant passé plus de six années dans la jungle colombienne aux mains des Farc. Mais lundi, Denis Allex atteindra la même durée de détention que les diplomates Marcel Carton et Marcel Fontaine, otages du Hezbollah pendant trois ans, un mois et treize jours au Liban avant d'être libérés.
L'épouse de Denis Allex (peut-être un pseudonyme) avait lancé le 13 juillet, à la veille du troisième anniversaire de la captivité de son mari, un appel émouvant, disant son espoir de le voir rentrer et l'assurant de l'amour et du soutien de sa famille.
"Denis c'est moi, c'est ta femme qui te parle. Je passe ce message à la radio en espérant que tu m'entendes là où tu te trouves, quelque part en Somalie", avait dit cette mère de famille qui, depuis l'enlèvement, élève seule leurs trois enfants.
"Je veux te rassurer, te dire que nous allons tous bien. Les enfants vont bien, ils sont solides, ils travaillent très bien à l'école et sont en parfaite santé. Ils pensent beaucoup à toi", poursuivait cette femme jusqu'ici silencieuse.
"Nous sommes tous très entourés, on prend soin de nous et surtout n'aie aucun inquiétude là-dessus", assurait-elle. "Nous t'aimons et tu nous manques énormément alors prends soin de toi Denis, et surtout de ta santé. J'ai confiance en toi, en ton mental et en ta solidité. Tout cela tu nous l'as transmis, j'espère que ce message arrivera jusqu'à toi et t'aidera à tenir, nous sommes tous avec toi, on ne lâchera rien", soulignait-elle.
"Il est vivant, on en a la preuve"
Mais dans ce message transparaissait aussi l'espoir que ce calvaire se termine : "Il te faut rentrer maintenant, nous attendons tous ton retour, tu nous manques. Nous t'embrassons bien fort, nous t'aimons, je t'aime Denis, je suis avec toi chaque jour qui passe, aie confiance".
Le même jour, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait confirmé que Denis Allex était en vie : "Il est vivant, on en a la preuve et on a des nouvelles", en saluant le courage de l'épouse de Denis Allex. "On travaille, avec les services secrets français, pour qu'il puisse être extirpé de cette situation dramatique", avait-il poursuivi.
Les autorités françaises et la DGSE sont toujours restées très discrètes sur cet agent, considéré comme "très solide", et les efforts entrepris pour tenter de le faire libérer. Le 2 avril, le Directeur général de la sécurité extérieure Erard Corbin de Mangoux, avait déclaré : "Je voudrais tant que notre collègue Denis Allex nous entende, qu'il sache que nous ne cessons de penser à lui et que nous l'attendons avec impatience."
Comme pour les six autres otages français à l'étranger (Niger et Mali), une cellule spéciale est chargée de suivre la rétention de Denis Allex. Un de ses collègues de la DGSE, enlevé le 14 juillet 2009 en sa compagnie, avait réussi à recouvrer la liberté fin août 2009.
Selon le gouvernement français, ces deux agents avaient pour mission de former des éléments de la police et de la garde présidentielle. Les insurgés islamistes somaliens Shebab affirment qu'ils réunissaient des renseignements pour la France au profit des "forces de la croisade" en Somalie.