Après un coup d'oeil à la Tour Eiffel ou au musée du Louvre, les touristes finissent parfois leur visite de la capitale par un tour aux Objets trouvés à la recherche du portefeuille égaré dans le métro ou du pull oublié sur un siège de bus.
Alors que "le Parisien perd énormément ses clés et ses lunettes", "les touristes perdent le plus des appareils photos, leur pièce d'identité, leur passeport, leur portefeuille", égrène Patrick Cassignol, responsable du service des Objets trouvés, le plus grand centre du genre en Europe.
Un millier d'objets sont récupérés chaque jour à Paris, dans les départements de la petite couronne et les aéroports parisiens. Ramenés au commissariat ou jetés dans une boîte aux lettres de la Poste, ils finissent leur parcours au 36 rue des Morillons, dans le 15ème arrondissement, un service créé il y a plus de 200 ans et géré par la Préfecture de police de Paris.
Dans le top 3 des trouvailles: la pièce d'identité, les clés et les lunettes.
"Le plus touchant c'est quand on restitue un doudou à un gosse. Voir ses yeux qui pétillent, c'est notre bonheur à nous", sourit M. Cassignol qui chapeaute une équipe de 36 personnes chargées d'enregistrer, étiqueter et classer les objets et de trouver leurs propriétaires.
186.000 objets ont été récupérés en 2011. Un quart d'entre eux a été remis à leurs propriétaires. "Mais pour les objets identifiés (avec un nom ou une adresse), le taux de restitution est de 60%", souligne le maître des lieux.
Prothèse, urne, cornemuse
Valises, portefeuilles, téléphones portables, carnets: ces morceaux d'intimité sont soigneusement rangés dans de hautes étagères métalliques.
Ce bric-à-brac a été oublié dans des musées, des restaurants, des hôtels et surtout dans les transports: 40% des objets sont ramenés par la RATP.
Prothèse de jambe, urne funéraire, sabre, cornemuse: les trouvailles sont parfois bien curieuses. Environ 300 personnes se présentent chaque jour espérant que cette caverne d'Ali Baba abrite l'objet qui leur manque.
Samy Mansouri, 17 ans, originaire de la Réunion repart "soulagé": "j'avais perdu ma carte d'identité il y a deux semaines dans le tramway. Je l'ai récupérée, ça m'évite des complications".
Si reprendre ses papiers est gratuit, il faut s'acquitter de 11 euros pour retrouver son bien si celui-ci vaut moins de 762 euros, et payer 3% de sa valeur au-delà de cette somme.
"On a des habitués qui viennent chercher un objet et l'oublient en partant", sourit M. Cassignol.
"On a perdu tellement de choses", soupire Michèle Dosser, 36 ans, mère de 4 garçons de 15 mois à 13 ans: "des consoles de jeu, un portable, une guitare, des vêtements". Cette fois-ci, elle espère retrouver une raquette de tennis et un manteau d'enfant: "heureusement, il y a des gens qui sont honnêtes", se réjouit-elle.
Tout objet valant moins de 100 euros est gardé 4 mois. S'il vaut plus, il est conservé un an, puis celui qui l'a trouvé, appelé "l'inventeur", peut venir le chercher dans un délai de six mois. Un heureux découvreur a ainsi empoché une bague estimée à 22.000 euros.
S'il n'y a pas d'"inventeur" connu, les objets valant plus de 100 euros sont vendus aux enchères au profit de l'Etat, ceux d'une valeur inférieure sont récupérés par un brocanteur et les produits médicaux sont donnés à des associations.
Mais attention, le touriste qui espère retrouver l'arme ou la drogue caché au fond d'une valise se berce d'illusions, prévient M. Cassignol : "on nous a ramené un sac avec un pistolet chargé. Son propriétaire est venu le chercher, il est reparti avec les forces de l'ordre, menottes aux poignets".