Alors que le harcèlement sexuel fait l'objet de pas moins de sept projets de lois, pour la première fois, un CHU a mis en place une cellule de prise en charge psychologique et un numéro vert d'écoute pour ces victimes.
La décision du Conseil constitutionnel d'abroger début mai, avec effet immédiat, l'article du code pénal sur le harcèlement sexuel a créé un vide juridique vertigineux. Mais c'est un autre vide que comblent les hôpitaux de Paris depuis hier mercredi : la prise en charge thérapeutique des victimes.
Une démarche novatrice, puisque jusqu'à présent, associations et pouvoirs publics proposaient surtout une prise en charge juridique, mais pas thérapeutique.
Le projet est piloté par le professeur Charles Peretti, chef des services psychiatrie de Saint-Antoine et de Tenon à Paris. Il ne rassemble pas moins de 35 professionnels des deux hôpitaux. Une équipe de psychologues, psychiatres, médecins et infirmiers répondent désormais au 0800 00 46 41. Et après une prise de contact téléphonique, les victimes de harcèlement pourront être reçues par un médecin.
"Le harcèlement sexuel crée un traumatisme particulier. Il peut entraîner des troubles du sommeil, une perte de l'estime de soi, des symptômes anxieux et des idées dépressives qui mènent parfois à des tentatives de suicide", décrit le professeur Peretti pour expliquer la nécessité d'un tel service.
L'AVFT, Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail, qui apporte une aide juridique à près de 400 victimes de violences sexuelles chaque année, a confirmé au Figaro le besoin d'une prise en charge spécifique. Car si elle est encore difficile à appréhender, cette prise en charge thérapeutique a d'ores et déjà été identifiée par une offre privée de plus en plus pléthorique.
Sur le front législatif, les parlementaires ont déposés pas moins de sept propositions de loi sur le harcèlement sexuel. Un texte a par ailleurs été conjointement déposé par les ministres de la Justice, Christiane Taubira, et des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem. Envoyé la semaine dernière au Conseil d'Etat, il sera présenté le 13 juin en conseil des ministres.
Suivez jour par jour l'évolution du projet de loi sur le harcèlement sexuel