Une semaine, voire dix jours, sans télévision, jeux vidéo ni ordinateur, c'est le défi que de plus en plus d'écoles proposent à leurs élèves, mais aussi aux parents qui en profitent parfois pour reprendre le contrôle de la consommation d'"écrans" par leurs enfants.
"Le plus difficile, c'est le premier jour, de ne pas allumer la télé quand on rentre le soir", explique Arwa, 9 ans, élève en CM1 d'une école primaire, à Paris. "Quand les autres regardent, je vais dans ma chambre et je joue à autre chose", dit-elle.
Son école, située 40 bis rue Manin, dans le XIXe arrondissement, a organisé cette semaine sa quatrième édition de ce défi, conçu par l'institut Eco-conseil, à Strasbourg en 2008, et qui a essaimé dans plus de cinquante écoles, privées et publiques, en France.
Pendant cette semaine présentée sur le mode d'une compétition sans merci entre enfants et écrans, les 287 élèves répertorient sur une grille les plages de la journée pendant lesquelles ils disent avoir réussi à ne pas regarder d'écrans, ce qui rapporte des points à la classe et contribue au score général de l'école.
Exceptionnellement, toute une série d'activités est proposée après la classe: goûter au parc des Buttes-Chaumont tout proche, atelier de rugby, chorale, émission dans la cour avec une radio associative et, point d'orgue final, un carnaval.
"Quand les parents travaillent et rentrent tard, les enfants n'ont pas beaucoup de choses à faire à part la télévision et les jeux vidéo", constate la mère d'Arwa, qui estime "qu'il faudrait des activités toute l'année".
Parents débordés
"D'habitude, quand on demande aux enfants +qui a regardé la télévision le matin avant de venir?+, la moitié de la classe lève la main", relate le directeur Lamine Mouldaïa. "Avec le développement des nouvelles technologies, en l'espace de quelques années, les parents se sont retrouvés complètement débordés".
Fatma Sahnoun, mère de trois garçons, se souvient du choc quand elle a été réveillée à 03H00 du matin par les cris de son fils qui jouait dans son lit à un jeu sur une console vidéo portable, probablement depuis des heures.
"Il était complètement pris par le jeu, le problème c'est qu'ils n'ont pas de limites", souligne-t-elle. La semaine sans écran est une façon de reprendre un peu la main. "J'en profite pour moi-même ne pas regarder la télévision", témoigne-t-elle. "C'est vrai que c'est facile, quand je suis occupée, de savoir qu'ils sont devant la télévision ou jouent à un jeu vidéo, et ne vont donc pas se bagarrer".
Certains parents d'élèves participent activement à l'organisation, en démarchant mairie et associations.
"On aide quelque part les parents à aider leurs enfants à se passer des écrans", estime Charlotte Marin, parent élue qui, à l'origine, a proposé d'instaurer ce défi. "Ca fait une pause, pendant laquelle on réfléchit, on discute et on prend un peu de distance", ajoute-t-elle.
Dans cette école d'un quartier populaire, "l'objectif n'est pas d'organiser des activités exceptionnelles, plutôt de faire autre chose, ensemble, alors que devant la télé, on est seul", selon M. Mouldaïa.
Et les résultats sont "palpables. On voit des élèves qui ont mieux fait leurs devoirs, qui arrivent moins fatigués", selon M. Mouldaïa.
Sur le long terme, le défi permet de diminuer le temps passé devant les écrans pour plus de la moitié des élèves, affirme une étude d'Eco-Conseil menée dans les écoles de Strasbourg en 2011. Il aurait également incité les parents à organiser plus de sorties et favorisé les discussions au sein de la famille.